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Commandant Marie Hubert Monraisse

Biographie

 

Marie Hubert Monraisse naît le 24 avril 1909, 11 rue du Rieu à Aurillac (Cantal), de Joseph Eugène André Monraisse, docteur en médecine, et Marguerite Marie Louise Estelle de Canteloube de Marmiès, vieille famille aurillacoise
Le jeune Monraisse suit ses études secondaires au lycée Saint-Eugène d'Aurillac où il est bon élève et l'un des meilleurs sportifs du lycée, puis prépare Saint Cyr à Paris (école Bossuet).

En 1927 il intégre Saint-Cyr, promotion "Maréchal Gallieni" (1927-1929). Le 1er octobre 1929, il est nommé sous lieutenant et son classement lui permet de rejoindre l’école de l’aéronautique de Versailles. En 1930 La phase pratique de l'application ayant lieu à Avord, il y est breveté observateur  puis pilote avec la notation suivante : "Bon pilote, plein d'allant et digne de confiance ; calme et prudent, régulier et précis".

D’abord affecté à l’état-major de l’aéronautique, le 25 avril 1931, il rejoint le 38ème Régiment d’aviation d'abord à la 12ème Escadrille, puis au 3ème Groupe de la 6ème Escadrille.
 
En 1934, ses qualités lui permettent d’être désigné pour suivre le "cours de perfectionnement" d'Etampes, alors le "Temple" du pilotage… à l'issue duquel l'un de ses pairs le désigne comme le "meilleur chasseur de la promotion".

En 1934 il demandera à servir au Levant  ; il y restera trois ans, sillonnant le ciel d'Orient de Beyrouth à Damas et d'Alep à Palmyre au sein de la 6ème Escadrille du 39ème Régiment d’aviation, puis, à la création de l’armée de l’Air en 1935,  à la 4ème Escadrille de la base aérienne 139.

Promu capitaine le 15 décembre 1936, le 17 juillet 1937 il rentre en France et rejoint le Groupe de Chasse I/5 à Reims (5ème Escadre aérienne), groupe commandé par JL MURTIN. Un mois plus tard, il est nommé commandant en second du groupe.

En mars 1939, il est muté au GC II/5 commandé par le Cdt Hugues et en reçoit le commandement de la 3ème Escadrille qui redevient très vite la célèbre  escadrille "La Fayette" nantie de l'insigne à "Tête de Sioux".

Lorsque la guerre éclate le 3 septembre 1939, le capitaine Monraisse a trente ans et c’est « aux armées » que le 30 décembre 1939, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur ; quelques semaines plus tôt, il a été l’un des neuf pilotes du groupe engagé en combat aérien sur chasseur américain Curtiss H75 contre 27 chasseurs adverses.

Excellent pilote de chasse c'est-à-dire "fin pilote" et "fin tireur", il reçoit la croix de guerre le 31 janvier 1940 et termine la Bataille de France avec 7 victoires aériennes confirmées plus 2 probables obtenues entre le 16 mai et le 14 juin 1940, ce qui lui vaut 7 citations dont 3 à l’ordre de l’armée. Il totalise alors 114 heures de vol en missions de guerre effectuées sans dommage si on excepte trois impacts ayant détruit le pare brise de son appareil avant que d'encadrer son visage…

Le 20 juin 1940, son Curtiss fait partie des quelques six cents chasseurs, bombardiers et appareils divers qui rejoignent l'Afrique du Nord. Le 12 aout 1940 le GC II/5 rejoint Casablanca. Le capitaine Monraisse restera deux années au Maroc (Casablanca et Rabat) au cours desquelles il n'aura de cesse, malgré les contraintes et restrictions imposées par l'armistice, de voler et faire voler afin de "rester en forme" pour le grand jour. En octobre 1940 il devient Commandant en second du GC 2/5 puis commandant du 4 mars au 4 Avril 1941.

Le 24 mai 1941, il épouse Andrée Tarpin avec qui il aura trois fils, Bertrand, Bruno et Renaud, le dernier venant au monde deux mois après la mort de son père.


 
En décembre 1941, il prend à Rabat le commandement du GC I/5 "Champagne" où il succède à JL MURTIN et le gardera deux ans. Il est promu commandant le 15 novembre 1942.

Après le débarquement allié de novembre 1942, le I/5 est équipé de Curtiss P40F ce qui permet de doper l'activité aérienne. Le I/5 est rééquipé par les Américains en juillet 1943 avec des P-39N Airacobra, le groupe est transféré à Tafaraoui (près d'Oran) au sein du Coastal Command. Ce sont alors les longues missions de protection des convois en Méditerranée contre les U-Boote et les appareils de la Luftwaffe, qui vont permettre à l'aviation de combat française d'être réinsérées dans le dispositif allié mais, surtout, redonner "ses" escadres de chasse à l'armée de l'Air

Le 3 janvier 1944, il est le premier commandement de la 3ème Escadre de Chasse en creation constitué du GC 1/5 Champagne commandé par Marin La Meslée, du GC III/6 Roussillon commandé par Viguier et du GC I/4 Navarre commandé par La Martinière. Il est alors le plus jeune commandant d’Escadre.
Sous son commandement, le GC I/5 aura fait 12 000 heures de vol dont 4 000 sur P39. A ses proches et à ses pairs, il dit sa tristesse et déclare : - « L’escadre est un échelon d’où ont voit les avions d’un peu plus loin… Je voudrais tant que ma carrière de pilote de chasse ne soit pas déjà terminée ». Son supérieur lui accorde le droit de continuer des missions de guerre.
Il laissera le cdt du I/5 à Marin la Meslée.

La 3ème Escadre de Chasse (GC I/5, III/6 et I/4) fait mouvement sur La Reghaïa (Algérois), poursuivant les missions de patrouille maritime.

Le 20 juin 1944, en remplacement de Tony Papin Labozardière, il est affecté en Corse au Commandement de la 1ere escadre de chasse composée du GC I/3 Corse Cdt par Duval, du I/7 Provence Cdt par Dorance et du GC II/7 Nice Cdt par Hugo. Cette 1ere Escadre de Chasse, équipée de Spitfire, est intégrée au sein du Tactical Air Command d’où elle est engagée sur l'Italie.
Elle soutient ensuite le débarquement allié en Provence avant de rejoindre enfin, le 3 septembre 1944 et après quatre ans d'exil, le territoire de la mère patrie.
La "3" change ses Spitfire Mk V contre des Mk IX et se déplace au rythme des opérations, à Lyon, Dijon, Luxeuil pour effectuer des missions tactiques de Sweeps et Straffings au profit des Alliés et, en particulier, de la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny qui boutent la Wehrmacht hors de France avant de pénétrer sur le territoire du IIIème Reich au début de 1945.
 
Le commandant Monraisse est un soldat heureux, déclarant - : "J'ai actuellement le plus beau commandement que j'aurai jamais : des unités combattantes et leurs services, tout cela dans la main, et je crois que cela tourne bien rond".

Le 8 octobre 1944, deux patrouilles de quatre avions du I/7 Provence décollent à 14:05 de Luxeuil en mission Sweep sur les axes Colmar, Strasbourg, Pforzheim et retour. Le chef de dispositif est le capitaine Dorance dont le box est désigné pour conduire les attaques sur la branche aller et une partie de la branche retour avec Girerd, Pizon et Guillemot, le commandant Monraisse avec Alexandre, Moulinier et Poncet assurant avec sa patrouille la protection aérienne. Deux locomotives sont détruites.
Au retour, les missions sont interverties à partir de Freudenstadt, les quatre Spitfires du commandant Monraisse passant attaquants sous la couverture du capitaine Dorance.
Un train sous pression ayant été signalé dans la gare de Haslach im Kinzigtal, le commandant Monraisse décide "d'attaquer dans le soleil" ; suivi de son numéro 2 (commandant Alexandre),  il exécute une boucle destinée à se placer "soleil dans le dos", pique sur la gare, aligne l'objectif au centre du collimateur et tire une longue rafale qui retourne le ballast devant la machine avant de la toucher de plein fouet ainsi que les wagons de tête.
En protection au-dessus de l'attaque, le capitaine Dorance voit le Spitfire de son commandant d'escadre frôler la locomotive puis passer sur le dos avant de percuter un bâtiment de la gare, faisant quelques victimes civiles.
Il est 15:05. "Bouquet 5" ne répondra plus jamais… Hubert Monraisse a trouvé la mort à 34 ans.

Rapport de l'accident.

Cette action s'inscrivait aussi dans un plan allié ayant pour objectif la destruction de gares ainsi que de convois et voies ferrées dans cette partie du Pays de Bade, afin d’empêcher l’acheminement de machines outils et approvisionnements destinés à reconfigurer dans une mine située à proximité de Haslach une chaîne de montage de sous ensembles de fusées V2 (évacués d'Alsace devant l'avance alliée, les concentrationnaires des camps nazis du Struthof et de Natzweiler - parmi lesquels beaucoup de Français - étaient astreints dans des conditions épouvantables à agrandir les galeries de la mine Vulkan).

Le commandant Marie Hubert Monraisse recevra sa huitième citation ; signée du général Bouscat, chef d’état-major de l’armée de l’Air, elle met en lumière la quintessence de ses qualités d’officier, de pilote, de chef mais aussi d'homme :
« Commandant d’escadre possédant les plus hautes qualités du chef, entraîneur d’hommes remarquable, vivant exemple pour tous.
Totalisant 7 victoires officielles pendant la campagne 39-40, le commandant Monraisse a repris la lutte contre l’ennemi avec un vif enthousiasme et une volonté farouche.
Engagé d’abord dans la défense côtière, il a ensuite effectué dans les forces aériennes tactiques de nombreuses missions de bombardement en piqué et des mitraillages.
A trouvé une mort glorieuse à la tête d’une expédition en territoire allemand.
Le commandant Monraisse reste dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu comme un officier de la plus grande droiture, un pilote émérite et un chasseur hors pair ».

Chevalier de la Légion Croix de guerre 1939-1945 avec huit citations dont six palmes, le commandant Monraisse était titulaire de 2947 heures de vol.
Mort pour la France, son nom sera donné à la base de radars 944 de Narbonne à laquelle sera confié le 30 octobre 1968 le drapeau de la 1° Escadre de Chasse après sa dissolution.

Il est inhumé dans le cimetière d’ Haslach à 600m du lieu de son décès. Sa tombe et la seule à droite en entrant.
Son épouse Andrée Tarpin a demandé que ses cendres soient déposées à ses cotés. Elle fut aussi l’épouse du Général Pouyade.

 

 

Article paru dans La Montagne

Voir aussi l'hommage à Hubert Monraisse fait par le Général LM Chassin dans la revue des Forces Aériennes Française.

 

Portrait d'Hubert Monraisse à Reims en mars 1940

 

Hubert Monraisse accueille le général Bouscat sur la base de Reghaïa (Algérie) devant un P-39 Airacobra de la 3e escadre

 

Le 2 juin 1944, à Reghaïa (Algérie), remise de décoration : le général Bouscat à gauche, Jacques-Louis Murtin au centre et Hubert Monraisse à droite

 

Photographie du général de Gaulle avec le Sultan du Maroc en 1944 à Aurillac, prise devant la Préfecture ;
on aperçoit en arrière-plan la maison de naissance d'Hubert Monraisse, depuis démolie et remplacée par la poste. - 1944

 

Généalogie du commandant Monraisse, réalisée par son fils Bertrand Monraisse

 

Cérémonie en l'honneur du commandant Hubert Monraisse au collège Saint-Eugène, à Aurillac : Bruno Monraisse et Bertrand Monraisse, les anciens combattants porte-drapeaux, la chorale du collège

Une description exhaustive de la carrière militaire d'Hubert Monraisse : http://www.cieldegloire.com/004_monraisse_h.php

 

Note

L'ensemble de ces quatre pages (avant-guerre, drole de guerre, bataille de france, Afrique du Nord), ainsi que la biographie de Hubert Monraisse m'ont été transmises par les membres de sa famille. Ces photos et ces documents permettent de témoigner de la vie de l'escadrille La Fayette et d'une tranche de vie d'un de nos plus glorieux as de la seconde guerre mondiale. Que ces pages soient mon hommage personnel à cet homme et ce combattant.

 

Carnets de Vols

L'intégrale des carnets de vols d'Hubert Monraisse de 1935 à 1944.

En format A4 (300Mo)

En format plein (300Mo)

Autre format (3.5Mo)

 

 

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