Maquette72
       

Caudron C.610 Aiglon

France, L'avion d'Elisabeth Lion F-ANSK

SBS, 1/72

Montage Regis Biaux

Quand on aime les Caudron, et particulièrement les Aiglon et qu'un fabricant nous gratifie d'un superbe modèle au 1/72 , pourquoi ne pas s'empêcher , se laisser séduire et monter une nouvelle fois encore un petit Caudron Aiglon qui fut la monture d'une autre célèbre aviatrice française, Elisabeth Lion. Cette fois ci, ce montage concernera une déclinaison de l'Aiglon modifié en type 610 et c'est à nouveau un kit produit par SBS en très petite série. Pour une fois commençons par une page de vie avec le texte d'une historienne, Nadège Beraud-Kauffmann , qui retrace très bien ce que fut la vie de cette aviatrice. "Élisabeth Lion, aviatrice aventurière"

Les années Vingt et Trente sont marquées par un formidable engouement de la population pour les grands meetings aériens, les démonstrations de voltige et de parachutage et aussi pour la course aux records qui accompagne les évolutions technologiques de l’aéronautique civil et militaire. En France, nombre de jeunes gens obtiennent leur brevet de pilotage et parmi eux, pas que des hommes. À cette époque, plusieurs Françaises notamment, éprises de liberté, s’illustrent au même titre que leurs homologues masculins et réussissent d’incroyables épopées.
Le 26 mars 1939 Élisabeth Lion remporte le Trophée national des aviatrices. Revenons sur le parcours de cette femme d’exception, interrompu par la guerre.
Née le 11 décembre 1904 près de Sedan d’où était originaire sa mère, Élisabeth Lion, dont le père et l’oncle étaient militaires, grandit dans un milieu plutôt favorisé. Au cours de la Première Guerre mondiale la famille évacue les Ardennes pour se réfugier en Bretagne, puis à Paris où Élisabeth demeure par la suite. Après un baptême de l’air à Guyancourt sur l’aérodrome de la Société des avions Caudron qui l’impressionne, elle s’investit complètement dans l’aventure aéronautique. Rapidement elle prend des cours de pilotage puis obtient son brevet sur Caudron C.270 « Luciole » en 1934, à l’âge de 30 ans. Après avoir participé plusieurs fois à la coupe Hélène Boucher, elle prend part à la course aux records des acteurs de l’aéronautique des années 1930 : records d’altitude, de distance, de vitesse. Elle va enchaîner les réussites principalement en 1937 et 1938. Entre temps elle obtient son brevet de transport aérien bien qu’à l’époque, les compagnies aériennes françaises refusent de recruter des pilotes féminins…

Élisabeth Lion et son avion personnel

Le Caudron-Renault C.610 « Aiglon » est la version monoplace à long rayon d’action avec capacité d’emport de carburant augmentée du C.600. Produit en seulement deux exemplaires, l’appareil d’Élisabeth Lion, qu’elle achète en 1935, est immatriculé F-ANSK. Elle le fait modifier comme l’avait fait André Japy, l’un des pionniers français de l’aviation : trois réservoirs supplémentaires et une petite conduite intérieure type Caudron C.460 « Rafale » pour mieux tenir face au plein vent. Le second C.610 immatriculé F-ANSI appartient à une autre aviatrice de talent, Andrée Dupeyron.

Quelques records
Décrite comme « tenace, discrète, intelligente et méthodique » par les journaux de l’époque, Madame Lion enchaîne les succès en 1938 après avoir notamment établi un nouveau record féminin d’altitude à 6410m avec un Caudron C.600 fin 1937.

Élisabeth Lion après l’atterrissage de son Caudron C.610 « Aiglon » à l’Aérodrome du Bourget le 5 mars 1938. Elle vient de réaliser un tour de France en 10 heures et 10 minutes au cours duquel elle a survolé Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Pont-Audemer.

Le 8 avril 1938 à 20h30, aérodrome du Bourget : Élisabeth Lion descend de son Caudron C.610 Aiglon après avoir réussi son vol Paris-Tunis-Paris en moins d’un jour – précisément dix-huit heures et quelques minutes, soit une moyenne de 181 km/h pour parcourir 3300 km. Interviewée dès son retour, celle que l’on surnommait alors « la future Amelia Earhardt française », confiante, ambitieuse et déterminée, confiera au journaliste qui l’interrogeait : « Ce voyage Paris-Tunis-Paris sans escale qui vient après mes voyages Paris-Berlin-Paris et Paris-Rome-Paris, n’est qu’un entraînement. J’ai d’autres projets ».

Élisabeth Lion à la descente de son Caudron C.610 Aiglon le 15 mai 1938 au Bourget après avoir battu le record du monde féminin de la plus grande distance en ligne droite dont Emilia Earhardt – disparue moins d’un an auparavant - était jusqu’alors la détentrice. Elle a ainsi relié Istres à Abadan en Iran soit 4063 km en 21 heures de vol : partie d’Istres le 13 mai à 10h30, elle survole successivement la Corse, Naples, Athènes, Chypre, l’Asie Mineure et Bassorah à une vitesse moyenne de 194 km/h, avant d’atterrir le 14 à 6h30 à Abadan, au nord du Golfe Persique.
Toutefois son record est battu seulement deux jours après par Andrée Dupeyron à bord de l’autre Caudron C.610 Aiglon. Elle réussit à relier Oran en Algérie à Tel El Aham en Irak soit 4360 km.

Extrait article le Figaro 14 mai 1938 ; photographie d’Élisabeth Lion prise à Istres le 13 mai peu avant son départ pour l’Iran. Plus de 700 L d’essence dans les réservoirs de son Caudron « Aiglon » lui confèrent une autonomie de vol d’environ 25 heures et un rayon d’action de près de 5000 Km. Elle compte battre le record du monde féminin de la plus grande distance parcourue dont Emilia Earhardt est encore la détentrice, avec 3939 km parcourus en août 1932 sur un Lockheed Vega.

Photo extraite de Match du 24 mai 1938, « Trois glorieuses aviatrices de France. En haut à gauche, Mlle Maryse Hilsz ; à droite, Mme Dupeyron ; en bas, Mlle Élisabeth Lion ».

Télégramme de félicitations adressé à Élisabeth Lion par Guy La Chambre, alors ministre de l’Air
après son exploit de mai 1938:
« Vous adresse mes plus vives félicitations pour remarquable performance qui fait honneur à l’aviation féminine française »

Les récompenses et la guerre
En décembre 1938 alors que la guerre se profile en Europe, Élisabeth Lion reçoit des mains du Ministre de l’Air Guy La chambre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur avant de remporter, quelques mois après, le Trophée national des aviatrices.
En juin 1939 elle bat le record pour avions légers en reliant Istres-Dakar, soit 4200km en 21h20. Mais elle n’aura pas le temps de réaliser le record suivant qu’elle s’était fixé : traverser l’Atlantique sud en direction de Natal (Brésil). La guerre éclate et interrompt ses rêves de performance.
En avril 1940 peu avant l’offensive allemande, elle s’engage comme volontaire et suit une formation à l’École de l’air de Bordeaux-Mérignac avec entre autres deux aviatrices de renom : Gisèle Gunepin et Jean-Marie Adèle Leydet. Élisabeth est intégrée au sein de la 4e escadrille du Groupe de Bombardement GB II/19 et espère profiter de la loi sur les auxiliaires féminins qui souhaitent s’engager comme pilotes. Mais le temps est compté et la Débâcle contredit rapidement ses plans.
Élisabeth Lion n’accepte pas la défaite et s’engage alors dans la résistance. En 1943 elle est promue lieutenant pour la durée de la guerre dans les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL) avant de rejoindre le Maroc. Elle recevra la Croix de Guerre.

"Amazone de l'Air" après la Libération
En 1944 Charles Tillon ministre de l’air communiste du premier gouvernement de Charles de Gaulle crée le premier corps de pilotes militaires féminins. Élisabeth est recrutée ainsi que douze autres aviatrices également détentrices de nombreux records, dont elle avait parfois déjà croisé la route : Maryse Bastié, Élisabeth Boselli, Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Yvette Grollet-Briand, Gisèle Gunepin, Maryse Hilsz, Anne-Marie Imbrecq, Yvonne Jourgon, Geneviève Lefevre-Seillier, Françoise Marzellier, Suzanne Melk. Après un entraînement à Châteauroux puis un cycle d’étude à Tours, ces femmes toutes reçues sont surnommées « les Treize Amazones de l’Air ». Mais cette expérience de recrutement de femmes dans l’Armée de l’Air s’arrête tout net début 1946 après la mort de l’une d’entre elles en mission, Maryse Hilsz. Il faudra attendre 1996 pour que l’Armée de l’Air recrute à nouveau des femmes !
Elle décède le 9 janvier 1988 à Magnanville (Yvelines) et est inhumée dans le cimetière de Vincennes (Val-de-Marne). "
Une bien belle page écrite par cette historienne.

Pour finir sur cette page d'histoire, et avant de passer à la réalisation de cette maquette, j'ajouterai une note un peu triste. A ce jour la sépulture de cette célèbre aviatrice n'existe plus, lorsque dans le milieu des années 2010 je faisais des recherches sur les sépultures de certaines célébrités des choses de l'air, on m'a signifié que la sépulture de cette célèbre aviatrice n'existe plus et que conformément à la règle de gestion des sépultures abandonnées ou des concessions expirées et des règlements des cimetières, les restes avaient rejoint l'ossuaire du cimetière de Vincennes.

Le Kit SBS Caudron C-610 Elisabeth Lion's Record Plane

Avant toute chose, il faut se rappeler un de mes anciens montages présenté ici avec un Caudron Aiglon aux couleurs allemandes appliquées sur une immatriculation française.

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Parti sur les infos de ce qui était connu et publié à l'époque , facilité par la décoration fournie par SBS dans une de ces boites, j'ai décoré ce Caudron Aiglon comme étant le F-ANSN sous livrée allemande.

Sauf qu'après diverses recherches et découvertes de nouvelles photos d'origine allemande, ce Caudron allemand ex français était en réalité le F-ANSK d'Elisabeth Lion et non le "SN" qui lui restera en Syrie sur le vol retour du raid Paris-Madagascar de Suzanne Kohn.Ce F-ANSN passera plus tard au FAFL au Levant et ne rentrera jamais en France.

Mon Caudron en est resté là avec cette erreur de décoration, mais après discussion avec Csaba de SBS, il fut décidé de créer une boite spéciale à tirage limité (50 pièces) pour faire le "vrai" Caudron F-ANSK d'Elisabeth Lion.

Ainsi d'une erreur et d'une incertitude de documentation, aujourd'hui il est possible de vous présenter le montage d'une pièce limitée dans la livrée que cet avion portait lors de ses records avec Elisabeth Lion aux commandes.

Et le voici en cours de montage, en croix et recouvert d'un voile de gris uniforme.

avant de revêtir une robe blanche qui servira de sous couche à la future décoration de ce nouvel Aiglon.

Jeudi soir en démarrant une séance de peinture , le cure dent installé dans l'axe de l'hélice n'a pas assuré son rôle de maintien du modèle et l'Aiglon a fait une chute d'un mètre.

Résultat, aile gauche désolidarisé du fuselage tout comme l'empennage horizontal droit, dérive décollée.

 

 

Aujourd'hui reprise des endommagements, recollage à la cyano gel, et ponçage pour revenir à un état de surface correct dans les zones endommagées.

Le revoilà prêt pour retourner à l'atelier peinture.

 

Le 15 avril dernier, les réparations consécutives aux dégâts dus à la chute du modèle étaient terminées, mais le Caudron avait été restocké en attente de reprise, trop occupé par des activités annexes.
Malgré tout à l'automne, il ira se promener à Pessac, Niort et Colmar histoire de montrer que le stockage n'était pas définitif. En clair il était exposé en compagnie de 4 autres modèles "en cours", le DC6, le Mosquito PR XVI, l'autre Caudron Aiglon qui portera une déco FAFL et un petit Mraz Sokol qui n'a jamais été montré ici et qui va porter une déco d'un appareil utilisé autrefois par l'AC d'UTA, on va en reparler assez vite, car lui aussi est en peinture.
Et donc aujourd'hui, je peux annoncer que le Caudron a reçu deux premières couches de peinture.

Initialement j'avais prévu peindre mon Caudron avec une teinte ivoire en utilisant la référence 41 de chez Humbrol, mais finalement, j'ai opté pour de la MRP 256 Clear Doped Linen , en clair de la toile de lin neutre ce qui va parfaitement sur le Caudron et de plus, c'est un vrai plaisir d'utiliser ces peintures. 

Voilà trois petites photos validant la reprise et montrant l'avancement.
On laisse sécher et demain on repasse quelque voiles de cette même teinte, même si on pourrait le croire blanc, il est bien couleur toile de lin.

 

 

Après la peinture, pose des décalques pour notre Caudron Aiglon d'Elizabeth Lion.
Pour ce faire, on suivra un peu la notice pour utiliser au bon endroit les différents éléments de la décoration, mais aussi en utilisant quelques clichés de cet avion photographié à Etampes au début de la guerre alors qu'il était porteur des croix noires de la Luftwaffe.

Ces photos sont intéressantes car l'avion est resté globalement dans sa décoration civile française ce qui permet de poser certaines marques avec quelques nuances par rapport au plan de SBS.

Tout n'est pas fini, il reste toutes les bandes sur les bords d'attaque de la voilure, des empennages horizontaux, mais il y a encore quelques manipulations à faire avant de pouvoir les poser, alors pour éviter de les endommager, ils seront posés un peu plus tard.

 

 

Bon, cette fois il est fini !

J'ai prévu le mettre sur un socle avec une partie béton comme on voit ce Caudron sur le terrain du Bourget, mais il faut réaliser ce fond alors ce sera pour le début d'année.

Deux ou trois petites figurines seront autour de l'avion, en attenant le voici en cours de réglage avec l'arrière sur un tréteau bois.

Ce Caudron clôturera ma toute petite production de l'année 5 ou 6, je crois.

En attendant place à quelques photos pour faire patienter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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