Il y avait trois petits Caudron Aiglon et celui dont je vais vous parler ce soir a une histoire assez incroyable...
Deux sont à présent terminés. Le premier concerne l'avion de Suzanne Kohn , le n°7038 F-ANSN du raid Paris Madagascar réalisé à la mi 1939.
Le second est le Caudron 610 Aiglon d'Elizabeth Lion le F-ANSK.
Le petit dernier de cette série concerne la suite militaire du Caudron Aiglon de Suzanne Kohn puisque cet appareil abandonné en Syrie par l'aviatrice lors de son vol retour de Madagascar aura une carrière militaire même si celle ci reste somme touche très floue et imprécise hormis quelques épisodes connus au sein de FAFL.
C'est cet épisode sous utilisation FAFL que j'ai décidé d'illustrer par ce nouveau montage.
Tout d'abord, il s'agit d'un Caudron Aiglon civil qui sera immatriculé F-ANSN. Plus tard, il deviendra un Caudron Aiglon militaire avant de passer aux couleurs des FAFL et servira au développement de ce que l'on nommera le Rayack 43.
Mais pour ce montage, je ne vais pas reprendre un pas à pas car si vous vous souvenez, je l'avais déjà fait lors d'un montage duo avec Xan qui avait lui aussi monter un Aiglon, mais cette fois au 1/48.
Avant de poursuivre ici la décoration de cet avion, juste un petit rappel sur la boite et l'histoire de cet avion.
Pour la boite, toujours la même, une boite de Caudron Aiglon de chez SBS au 1/72.
Quant à l'historique de l'avion, on va repartir du raid Paris Madagascar réalisé par Suzanne Kohn au départ de Paris Orly le 25 mai 1939 pour atteindre Tananarive (Ivato) à Madagascar le 19 juin 1939.
Elle restera trois semaines à Madagascar avant de reprendre le 10 juillet 1939 un vol retour en direction de la France, mais cette fois en changeant de route en passant par le Kenya et en remontant le Nil.
Le reste du parcours n'est mentionné nul part, certainement dû à la période trouble de veille de guerre, mais ce que l'on sait à présent c'est que Suzanne Kohn ne rentrera pas à Paris avec son Aiglon, elle s'arrêtera en route en Syrie et ne regagnera la France qu'un peu plus tard par bateau et donc sans son avion.
On suppose que cet appareil civil, comme beaucoup d'autres, sera réquisitionné par le Gouvernement français de l'époque afin de servir d'avion de liaison ou d'entrainement au sein de l'armée de l'Air.
On sait peu de chose, voire rien sur cette période d'utilisation de cet avion encore moins pour ce qui s'agit de sa décoration.
A ce jour, on dispose d'une seule et unique photo de cet avion sous livrée militaire FAFL et elle est extraite des album photo de Jean Tulasne.On C'est cette photo partielle qui va nous servir de base pour décorer notre Aiglon des FAFL. C'est maigre je l'accorde mais notre but était de présenter un Aiglon avec une décoration assez inhabituelle.
Si je parle de nous c'est que pour ce Caudron Aiglon, j'ai réalisé la partie montage en duo avec un autre Masterien en la personne de Pierre66 qui cherchait un "coach" pour se familiariser à la résine et lui donner l'occasion de réaliser une maquette de Caudron Aiglon des FAFL porteur de la croix de Lorraine chère à son thème favori.
Par contre, en dehors du montage réalisé en parallèle, la partie décoration risquait de voir nos routes se séparer car en l'absence d'informations fiables, chacun de nous avions nos propres positions au sujet de la teinte. Pierre le voyait bleu, bleu azur ou un bleu rappelant le bleu du Miles M.11a Whitney Straight (n°508 ex F-AREQ), quant à moi, je ne validais pas cette teinte bleue, préférant le kaki "français" plus logique si logique il y a.
Je ne vous parle pas de tous les échanges de messages recherches dans une multitude d'ouvrages, documents divers... et contact avec de nombreux historiens ou chercheurs spécialistes de cette périodes comme Bertrand Hugot, Didier Lecocq, Matthieu Comas, Rémi Baudru ,Many Souffan qui oeuvrent régulièrement sur ces sujets des FAFL et combats au Levant, il en ressort aujourd'hui que nous n'avons aucune certitude vis à vis des couleurs portées par ce Caudron Aiglon, hormis la croix de Lorraine qui est bleue.
Par contre, tous réfutent le fait qu'il puissent être bleu d'autant que certains le pense camouflé et non d'une teinte unie, ni même complètement kaki comme je l'émettais.
En clair aucune avancée de ce côté donc.
Il y a toutes les chances pour que cet avion soit resté à Damas (terrain civil) dès l'instant où Suzanne Kohn s'est arrêtée sur son trajet retour de Madagascar. en juillet 1939. Il y restera très certainement durant le début de la guerre et à toutes les chances pour que cet avion ait été réquisitionné par l'Armée de l'air en quête d'avion d'entrainement et le liaison. Il sera très certainement repeint à ce moment là comme on a pu le voir sur un Simoun. On admettra que cet avion restera sur Rayak et qu'à la fin des combats fratricides contre les troupes britanniques, il sera donné aux FAFL en formation au début octobre 41 tout comme un restant de MS 406 de l'ex GC 1/7 qui constitueront le début du groupe Alsace et dont certains seront repeint justement en kaki
C'est à ce moment là que les français peindront la croix de Lorraine soit entre le 4 et le 15 octobre 1941.
Mes contacts ont eu accès aux archives de Jean Tulasne ainsi qu'aux album photos. La photo de l'Aiglon y figure et celle çi est de meilleure qualité que celle que nous avions jusqu'à présent et le tirage présent un arrière plan plus large ce qui nous a permis après recherche de trouver à quel endroit le cliché a été pris.
Il s'agit de Palmyre en Syrie et ce célèbre site archéologique se trouve à 210 km au nord de Damas.
Dans les carnets de vol de Jean Tulasne, il y a courant octobre 1941 plusieurs vols de notés et effectués sur ce Caudron:
- Rayak - Beyrouth - Rayak
- Rayak - Damas - Rayak et ce qui est le plus intéressant un
- Rayak- Palmyre - Rayak le 15 octobre 1941.
Ce qui tend à valider que la photo du Caudron a été prise à Palmyre le 15 octobre 1941, d'autant que dans l'album photo de Jean Tulasne à la suite de la photo du Caudron, on voit Jean Tulasne en visite dans un monument accompagné par au moins deux personnes qui sont sur la photo de l'Aiglon.
A ce sujet, la femme le long du fuselage n'est pas Ida Rubinstein (info que l'on retrouve quelquefois dans des documents) qui est à Londres à ce moment là, mais peut-être plutôt Niela Rubinstein, la femme d'Arthur Rubinstein. D'autres photos montrent Pouliquen en présence de cette femme.
Conclusion de tout cela, on connait la date de la prise de vue et le lieu, soit le 15 octobre 1941 et Palmyre.
Quant à la déco, si l'on opte pour une classique décoration militaire française, on pourrait rester avec une décoration française à deux ou trois tons mais avec des peintures françaises pour l'extrados et le fuselage.
Pour l'intrados, peut-être est-il gris bleu clair mais pourrait tout aussi bien être resté alu comme il était lorsqu'il était civil ?
Pour la gouverne, je la vois donc tricolore et l'intrados et extrados avec des cocardes tricolores.
Mais en y regardant bien, la photo semble tout de même révéler une seule et unique teinte, aussi je suis resté sur mon idée de kaki intégral mais bien sûr sans en apporter la certitude.
Pour finir, cet avion sera aussi utilisé pour faire de l'entrainement à partir de Rayak et c'est là qu'il sera certainement accidenté et restera dans un hangar en attendant que Demozay le redécouvre et l'utilise pour développer le Rayack 43.
La suite, on a pu la lire dans différents ouvrages mais aussi dans un article du Fana n°324 de novembre 1996 écrit sous la plume de Pierre Gaillard et Raymond Forgeat , puis, ce sera la "reconstruction" et la modification pour donner un descendant à cet Aiglon qui s'appellera Rayack 43, mais ceci est une autre histoire... et on en reparlera un peu plus tard.
Retour sur la partie décoration de la maquette:
Grace à la réalisation de masques, il nous a donc été possible de réaliser la marque des FAFL , à savoir la croix de Lorraine bleue sur un disque blanc.
Tout d'abord le disque blanc puis la croix bleue en jouant avec les différents morceaux des masques.
Pour la dernière phase, la peinture de la croix, pas facile de retirer le masque de cette micro croix mais avec de la patience et en prenant son temps, on arrive à nos fins.
Voilà donc le résultat
Depuis la fin février, le montage final de mon Caudron était arrêté et puis il y a eu les expos de Cesson et de Bron au cours desquelles j'ai présenté cet Aiglon en pré finition.
D'ailleurs à Bron les deux Caudron Aiglon des FAFL, celui de Pierre et le mien étaient présents sur ma table.
Au retour de Bron et juste avant ma troisième expo de mars, celle d'Evreux, j'ai réussi à dégager un peu de temps pour terminer définitivement ce montage.
Donc pour finir, il ne me restait plus qu'à passer un voile de vernis mat sur l'ensemble de l'avion, positionner les parties transparentes, après avoir coller les harnais.
Pour finir, une patine aux huiles ( Ocre jaune claire, jaune oxyde transparent et sépia) pour atténuer cette couleur qui devait souffrir sous le soleil du Levant.
A présent, il est temps de mettre un point d'honneur à cette fin de montage en réalisant quelques photos de ce Caudron qui aura fait parler.
Certes à ce jour , nous n'avons aucune certitude de la véracité de cette couleur, si vous vous rappelez Pierre le voyait bleu, quant à moi, j'ai toujours pensé qu'il pouvait être kaki.
Aujourd'hui ils sont tous les deux kaki, qu'importe si nous sommes dans le vrai, ou complètement à l'opposé de la vérité, mais cela nous a permis de passer un bon moment sur ce montage duo sous forme de "training" pour Pierre qui était quelque peu hostile à la résine.
Les résultats sont fort corrects, notre base étant de très bonne qualité , souhaitons peut-être quelques réactions post montage qui pourront faire avancer l'histoire et résoudre l'énigme de la couleur de ce Caudron Aiglon des FAFL.
Par contre, l'histoire n'est pas tout à fait finie, on reviendra ici avec la suite, à savoir un futur montage d'un Rayack 43.
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