Voici le début d’un nouveau montage, ou devrais-je dire un double montage car il s’agit bien de deux kits que je vais devoir monter pour les assembler l’un sur l’autre au final. C’est un projet de moins grande envergure que le Manchester certes, mais qui me trottait dans la tête depuis longtemps.
J’avais acquis cette référence AMtech (729206) à sa sortie aux États-Unis un peu par réflexe, surtout lorsque j’ai lu sur la boîte qu’il s’agissait d’une édition limitée à 5000 exemplaires. Le kit contient une maquette complète du Junkers Ju.88 G-6 AMT/ERTL à laquelle ont été ajoutées par AMtech des pièces en injecté pour réaliser soit un Mistel 4 (Ju.88 H-3) soit une "Fuhrungsmachine" (Ju.88 H-4). Le Fw.190 par contre n’est pas fourni.
Aucun de ces projets n’a vu le jour mais si on examine toutes les pièces de la boîte et qu’on s’en tient à ce qui a vraiment été construit, on se rend compte qu’on peut réaliser un Mistel S3C d’entraînement (Ju.88 G-10), et même un des rares Ju.88 H-1 mis en service.
Néanmoins, ma préférence allait à une machine opérationnelle, comme un Mistel 2 par exemple (Ju.88 G-1). Seul inconvénient, la version G-1 était équipée de BMW 801D alors que le kit contenait les Jumo 213E du G-6. En vérifiant le contenu de mes autres kits de Ju.88 AMT/ERTL, je suis tombé sur un jeu complet de moteurs BMW fourni en option dans la boîte du Ju.88 G-1/G-6. J’avais ma solution, d’autant plus que tous les éléments ont la même origine, ce qui devrait me faciliter la vie pour les greffer ensemble.
J’ai finalement arrêté mon choix sur un Mistel 2 prêt à partir en mission, composé d’un Ju.88 G-1 avec la tête explosive et d’un Fw.190 A-8. Pour ce dernier, je me suis procuré le premier kit Eduard que j’ai trouvé (Profipack 70111) qui fera parfaitement l’affaire.
J’ai d’ailleurs commencé par le chasseur en préparant l’intrados à recevoir un train rentré et un pylône ventral ETC-501 pour un réservoir de 300 litres :
Aucun besoin de coller toutes les pièces du puits de train du kit Eduard car rien n’en sera visible. J’ai tout mis de côté et j’ai utilisé les trappes et les roues d’un kit Hasegawa auquel j’avais déjà emprunté quelques pièces.
Une autre étape importante fut la découpe du fuselage du Ju.88 G pour lui greffer la tête explosive :
Même si les pièces ont la même origine, des ajustages et ajouts de matière ont été nécessaires, notamment à cause de l’avant des raccords d’emplanture, solidaires des demi-fuselages, qui viennent s’intégrer dans les flancs du carénage raccordant l’ogive.
Pour arranger les choses, mes deux demi-fuselages étaient vrillés et il a fallu quelques cales en carte plastique pour les assembler correctement.
Enfin, le fuselage est fermé, sans oublier d’emprisonner la pièce qui fera office de longeron et de tenons pour les ailes :
Le traitement des joints des demi-fuselages n’a pas posé de problème particulier. J’ai supprimé l’antenne EZ 6 sur le dos du fuselage et l’antenne filaire déroulante FuB L2 sur le flanc gauche sous le fuselage. Elles étaient démontées dans le cadre de la préparation des G-1 qui provenaient pour la plupart d’unités de chasse de nuit.
A force de peaufiner, le raccord tête/fuselage me convient :
Et pour que ce soit plus clair :
Après vérification du bon état de leurs surfaces, et notamment la suppression des supports des freins de piqué (inutiles sur cette version) qui étaient moulés avec les intrados, les quatre demi-ailes ont été fermées. Les pièces sont belles et s’assemblent bien. Néanmoins, elles sont affublées de quelques petites erreurs ou omissions de la part du fabricant.
Tout d’abord, il manque les prises d’air elliptiques sur le bord d’attaque à l’emplanture. Mais comme elles étaient optionnelles sur le G-1 et que je n’ai aucune preuve de leur présence sur celui que je veux représenter, j’ai décidé de laisser en l’état.
Par contre, la surface des ailerons était agrandie sur la version G, côté saumon, et là il faut rectifier car les ailes d’origine AMT/ERTL étant communes à leurs C-4/C-6 et G-1/G-6, cela n’a pas été pris en compte :
Par ailleurs, il faut aussi supprimer le compensateur sur l’aileron droit qui n’a pas lieu d’être mais il faudra reprendre celui de gauche car le fabricant ne l’a représenté qu’à l’extrados.
Dernier détail sous les ailes : sur les quatre pylônes pour réservoirs pendulaires montés entre le fuselage et les nacelles-moteurs, seuls ceux près du fuselage étaient conservés. Il faut donc occulter les trous prévus pour les autres.
Et pour finir, il faut créer le phare d’atterrissage dont seuls les contours sont (mal) représentés en creux :
J’ai dû fabriquer un petit cloisonnement en carte plastique que j’ai peint en RLM02 (Xtracolor X409) dans lequel j’ai inséré un bout de plastique transparent, percé à l’arrière pour représenter le phare, mis en forme et poli. Un cache elliptique viendra protéger la partie devant rester transparente lors de la préparation à la peinture.
Les ailes prêtes (y compris les fixations pour les feux de navigation), leur montage à blanc a montré qu’elles se mettaient en place sans problème de raccord. J’ai donc fixé définitivement la tête explosive et traité les derniers ajustements avec le fuselage.
Le dessus :
Le dessous :
Parallèlement, j’ai tout préparé pour la fermeture du fuselage du A-8 :
Puisque tout était prêt, j’ai fermé le fuselage du A-8 :
Il faut toutefois prendre garde à l’épaisseur de la planche de bord supérieure si on a utilisé les pièces en photodécoupe pré-peinte. Sinon, elle ne rentre pas dans les encoches prévues et le fuselage s’en retrouverait trop large à cet endroit et fausserait l’ajustage de la casquette et du pare-brise.
Pendant que ça sèche, retour au Junkers 88 avec la préparation des nacelles-moteurs. Elles ne sont constituées que de trois pièces chacune mais leur assemblage fut fastidieux en raison de l’angle qu’il faut donner à la pièce devant supporter les jambes de train pour compenser le dièdre et faire en sorte que les jambes soient perpendiculaires au sol vues de face. Pour arranger le tout, une des demi-nacelles était vrillée (décidément…) :
Je ne me suis pas attardé sur les détails des puits de train car on n’en verra plus rien une fois les jambes et les trappes en place.
Bien entendu, une fois en place, il a aussi fallu assurer la continuité des courbes avec le cône arrière solidaire du volet :
La voilure est prête à être fixée sur le fuselage, ce qui va me permettre de repérer et percer les trous de fixation des mâts devant supporter le Fw.190, mais le travail sur les nacelles m’a amené à examiner de près les moteurs BMW que j’avais récupérés dans le G-1/G-6 AMT/ERTL et au final, le bilan est beaucoup moins bon qu’espéré.
Voici la grappe en question :
Si les moteurs et les collecteurs d’échappement pourraient faire illusion, ce ne sera pas le cas des pales des hélices VDM qui n’ont pas le bon contour, ni des casseroles qui sont trop pointues, et encore moins des capots-moteurs qui, bien que joliment gravés et détaillés, n’ont pas l’anneau supplémentaire servant de cache-flammes et de ce fait s’en retrouvent trop courts (sans parler de l’ouverture de l’anneau frontal bien trop grande). Et pour couronner le tout, il manque les caractéristiques ventilateurs à 12 pales.
Après avoir étudié plusieurs pistes pour remédier à tout cela, je me suis décidé à prélever les deux grappes des moteurs BMW fournis en option dans le Junkers Ju.188A/E de Hasegawa :
Une solution un peu extrême qui m’amènera à trouver une autre boîte de Ju.188 Hasegawa pour faire la version E. Mais en attendant, j’ai tout ce qu’il faut pour que mon G-1 soit équipé d’hélices et de moteurs corrects.
Pour faire la jonction avec chaque nacelle, je vais conserver la pièce AMT/ERTL sur laquelle sont moulées grossièrement les pipes d’échappement, qu’on ne verra plus de toute façon. Elle est ici posée à blanc à l’avant de la nacelle :
Malgré quelques craintes, la mise en croix ne s’est pas trop mal passée :
Je n’ai eu à corriger des raccords qu’en de rares endroits.
Est donc venu le moment de percer quelques trous (0,6 et 0,95mm) afin de pouvoir installer le Fw.190 sur le Junkers. J’ai donc commencé par ce dernier :
Les mâts de soutien installés à blanc, j’obtenais mes repères pour percer l’intrados du 190 :
Ainsi fut fait :
Bien sûr, il a fallu que je dérape au dernier trou…
Un petit essai à blanc pour valider :
Pour en finir avec l’implantation des mâts, j’ai percé le dos du fuselage du Junkers à 69,85mm de l’implantation du mât en V, et l’excellent ajustage du kit Eduard du 190 m’a permis un montage à blanc avec son fuselage et le repérage du dernier trou à effectuer en dessous :
Ça tient, tout est droit, c’est validé !
Ensuite, retour sur le Junkers 88 pour la fabrication et l’ajout de quelques détails visibles oubliés par AMT comme les sorties d’air à l’intrados, de part et d’autre des nacelles :
Il manquait aussi une entrée et une sortie d’air sur le flanc gauche du fuselage (restant du dispositif de refroidissement de l’antenne EZ 6 démontée) ainsi que le dispositif de délestage du carburant tout à l’arrière (pas très visible sur la photo, en fait). Seul ce dernier provient d’une pochette Quickboost (QB 72288), tout le reste a été fabriqué.
L’assemblage des empennages et leur fixation n’ont posé aucun problème particulier :
Pour en finir avec la cellule, j’ai peint et pré-assemblé certains éléments des moteurs BMW Hasegawa afin de pouvoir les intégrer à la mise en couleurs :
Entre autres détails, il restait à m’occuper du train d’atterrissage dont j’ai câblé les jambes principales et peint tous les éléments en RLM02 (Gunze H70) :
Les vérins ont été passés à l’encre liquide Molotov.
Pour les roues principales, j’ai préféré utiliser un jeu en résine True-Details qui fournit des pneus lisses, d’un diamètre légèrement supérieur, et dont la représentation de l’écrasement, toujours trop accentué avec cette marque, sera ici presque parfaite pour simuler le poids réel de l’ensemble (23 tonnes quand-même). Elles ont été peintes en noir pneu (Gunze H77), les jantes en noir satiné (Humbrol 85) brossé à sec en gris moyen (Humbrol 64) :
Pour la roulette de queue, petit souci au niveau du vérin, un point de moulage en plein dessus que je n’ai détecté qu’après en avoir commencé la peinture (bien visé, AMT !..). J’ai réglé le problème en virant cette horrible verrue pour représenter le vérin avec un bout d’aiguille hypodermique, ce qui m’a obligé à charcuter un peu cette petite pièce et la repeindre pour de bon cette fois (pneu en noir bien sûr, et bras, garde-boue, fourche et jante en RLM02).
Avec la pose des pylônes pour les réservoirs, le Junkers 88 est quasiment prêt pour la peinture :
Comme je l’avais envisagé, je me suis un peu plus concentré sur le Fw.190 A-8.
Après la réalisation de quelques menus détails propres à une machine destinée au programme Mistel (connexions électriques et carburant), j’ai mis en place les trappes du train en position rentrée ainsi que quelques plaques en carte plastique et en photodécoupe :
Une petite vaporisation de RLM76 (Gunze H417) a été nécessaire avant de mettre en place les roues dont la partie restant visible en position rentrée sera masquée ultérieurement.
Ensuite, fermeture des ailes et obturation des orifices de sortie des armes de voilure :
Par confort, j’ai utilisé les demi-ailes supérieures d’un A-5 Eduard où elles sont fournies en double. Je me suis ainsi évité le travail de suppression des bossages moulés solidaires sur celles du A-8.
La voilure rejoint le fuselage sans souci particulier :
Rien à signaler non plus pour la pose des derniers éléments comme l’empennage horizontal, le gouvernail et les ailerons :
Il n’y a guère que l’anneau frontal, fourni en deux pièces, qui demande un tout petit peu d’ajustage.
Tant que j’étais sur un moteur BMW, j’ai finalisé le montage de ceux du Junkers qui seront peints néanmoins séparément de la cellule :
J’ai ensuite fabriqué et posé les tubes Pitot, et j’ai procédé à un dernier assemblage à blanc des deux machines pour avoir une meilleure idée de l’ensemble... et pour le fun aussi :
Comme d’habitude avec les camouflages allemands, on n’est jamais sûr de rien, a fortiori sur une machine telle que le Mistel.
Les seules photos existantes du modèle choisi, prises à Tirstrup au Danemark en février 1945, sont de piètre qualité.
La meilleure des trois (ci-dessus) n’apporte pas grand-chose sauf un élément important : le Ju.88 G-1 arbore sur son gouvernail un numéro de réparation (Reparaturwerkstatt ou RW) que l’on sait lié au Mistel car appliqué par Junkers à Nordhausen, là où les Fw.190 A-8 étaient modifiés et installés sur les Ju.88 G-1, et où étaient effectués les vols d’essai et de réception avant la livraison au 6./KG.200 à Burg.
Le numéro de réparation lisible est donc RW9. Selon Robert Forsyth, auteur de l’ouvrage sur les Mistel paru chez Classic Publications, cette machine a effectué son vol d’essai le 9 décembre 1944 depuis Nordhausen. Le Ju.88 G-1, WkNr 714050, reconditionné par Junkers, portait l’immatriculation ST+BF (Stammkennzeichen), et le Fw.190 A-8 (livré neuf) était immatriculé CV+JR (WkNr inconnu hélas).
Le camouflage du Junkers en lui-même sera moins complexe. Venant de la chasse de nuit, il en portait le camouflage en vigueur mais j’y reviendrai plus tard en détails car j’ai remarqué tout-de-même quelques particularités.
Pour le Focke-Wulf, c’est beaucoup moins évident. On sait qu’il a été livré neuf à Nordhausen pour modification et assemblage vraisemblablement début décembre 1944. Ne disposant pas d’une documentation détaillée sur l’évolution des camouflages des A-8, je me suis inspiré de celle des D-9, très bien étudiée par Japo et Eagle Editions, pour la simple et bonne raison que, hormis le moteur, ces deux versions avaient de très nombreux éléments en commun et étaient produites en même temps.
En estimant pour ce A-8 une sortie d’usine fin novembre 1944, on tombe sur la première série de D-9 produite entre fin août et décembre 1944, celle dont le camouflage a subi une bonne partie des évolutions.
Donc, avec beaucoup d’estimation, j’ai élaboré un schéma que j’ai préféré traduire par un profil légendé pour plus de clarté :
J’ai mis des points d’interrogation pour le Mittelgrau RLM75 car j’ai l’impression en regardant la photo qu’il n’y en avait pas sur le dos du fuselage et de ce fait, qu’il se pourrait qu’il n’y en avait pas non plus sur le capot-moteur.
Du coup, j’ai aussi un gros doute pour les tâches en Dunkelgrün RLM82 sur les flancs du fuselage alors qu’elles semblent bien présentes sur l’empennage vertical (avec des tâches en RLM75 probablement), avec une plus forte densité sur le gouvernail que sur la dérive.
Pour les ailes, ce sera un schéma RLM82D/75 avec l’intrados en Lichtblau RLM76. Les croix seront des B6 (équerres blanches fines) à l’extrados, et des B3 (croix noire avec équerres blanches épaisses) à l’intrados.
Les croix de fuselage seront des B4 et la svastika une H3 (uniquement noire) mais ça, c’est la photo qui le dit.
Comme pour le S-8, j’ai commencé les travaux de peinture par le passage de Lichtblau RLM76 (Gunze H417) sur tout le fuselage et l’empennage vertical :
Avec la photo et le profil légendé sous les yeux, j’ai commencé la peinture du Fw.190 A-8 par le fuselage en passant à main levée du Mittelgrau RLM75 (Gunze H69) :
Avec une dilution à 80/85% et une pression de 0,5 bar maximum, le principe "double action" de l’aérographe (un Aztec doté d’une buse de 0,3mm) m’a permis de réaliser ce léger fondu avec le Lichtblau RLM76 ainsi que ces tâches diffuses dont j’ai soupçonné la présence sur l’empennage vertical.
Pour le Dunkelgrün RLM82D qui dessinait de légères vaguelettes sur les flancs du fuselage, je me suis guidé avec des boudins de Patafix que j’ai ensuite ôté pour pouvoir adoucir la limite de teinte avec le RLM76 :
Pour le bord d’attaque de la dérive et les tâches sur le gouvernail, j’ai essayé de me conformer à ce que je voyais sur la photo. Du coup, j’ai éliminé les tâches RLM75 mais sur les côtés de la dérive uniquement.
Ensuite, retour à l’intrados pour le passer en RLM76 :
Patrice Roman m’a aimablement proposé son excellent photoscope du A-8 de Cosford, issu d’un Mistel capturé et rapatrié en Grande-Bretagne, Il m’a permis de constater que j’ai fait les bons choix en ce qui concerne le démontage de l’armement. J’avais juste oublié de représenter les petites tôles elliptiques qui obturaient les armes d’emplanture, oubli que j’ai rattrapé aisément en collant deux petites ellipses découpées au gabarit dans du scotch Crystal.
Le travail suivant a consisté à protéger les contours des extrados de la voilure et des empennages horizontaux afin d’y appliquer le camouflage. Puis j'ai couvert les flancs avec des bouts de Post-It, histoire d'éviter les projections intempestives.
J’ai commencé par le Mittelgrau RLM75 (Gunze H69), teinte la plus claire :
J’ai ensuite scanné, mis à l’échelle et imprimé un schéma 82D/75 issu du Model Art consacré aux camouflages des chasseurs de la Luftwaffe dont j’ai découpé les parties devant rester RLM75 pour en faire des masques flottants :
Le but est d’obtenir une limite un peu floue entre le RLM75 et le Dunkelgrün RLM82D (Gunze H423).
Voilà qui est fait :
Avant d’en débuter le camouflage, il me restait encore quelques détails à ajouter sur le Junkers 88.
D’abord, la fabrication des feux de navigation puis celle de la "tringlerie" actionnant les volets compensateurs des profondeurs, du gouvernail, et de l’aileron gauche :
Plastique de couleurs étiré et chutes de photodécoupe en sont les matières premières.
Et un peu de "filasse" au niveau des mâts de soutien. Pour le mât arrière :
Le scotch enroulé à la base n’est là que pour servir de cale au moment de l’installation définitive.
Pour les mâts avant :
Lors de mes essais d’assemblage des deux aéronefs pour vérifier leurs assiettes respectives, je me suis rendu compte que les jambes de train du Ju.88 présentaient des amortisseurs un peu trop détendus, ce qui ne convenait pas pour une machine qui pesait plus de 23 tonnes (avec les pleins faits et la charge explosive en place).
J’ai récupéré un jeu de jambes de train tout neuf dans un autre kit de Ju.88 AMT, auxquelles j’ai supprimé le soufflet recouvrant l’amortisseur pour le remplacer par un morceau d’aiguille hypodermique ne se montrant que sur 3mm au lieu des 4,5mm du soufflet :
Bien entendu, il m’a fallu décortiquer les compas pour leur donner un angle plus fermé, et refaire tout le câblage du circuit de freinage. Je les repeindrai en RLM02 plus tard.
Les autres jambes de train iront dans la boîte du kit AMT remplacer celles que j’ai empruntées. Ce sera toujours ça de gagner quand je le monterai… un jour.
Pendant que le vernis brillant séchait sur le Fw.190 A-8, je me suis penché sur la manière dont j’allais procéder pour reproduire le camouflage du Junkers qui, rappelons-le, a toujours porté son camouflage de "Nachtjäger", à savoir entièrement Lichtblau RLM76 avec des tâches Mittelgrau RLM75 sur les surfaces supérieures, avec une particularité toutefois.
En effet, j’ai remarqué que l’aspect des tâches était différent selon si elles se trouvaient sur le fuselage, les capots-moteurs ou les plans horizontaux. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que ces éléments étaient construits et peints dans différents endroits avant d’être assemblés, souvent en dessinant les tâches avec du RLM76 sur des surfaces entièrement en RLM75, un rendu nommé "Wolkentarnanstrich" (littéralement "camouflage dans les nuages").
D’un ouvrage édité par Model Art sur les camouflages des chasseurs de nuit et des bombardiers de la Luftwaffe, j’ai extrait un schéma RLM75/76, donné pour un Ju.88 G, que j’ai mis à l’échelle pour ensuite en imprimer séparément les moteurs, les ailes, les empennages horizontaux et le fuselage sur des feuilles un peu épaisses (120g) pour donner une certaine rigidité aux tâches, que j’ai découpées une par une au scalpel.
J’ai choisi de faire un test sur les capots-moteurs dont j’ai peint la moitié supérieure en RLM75 (Gunze H69), et sur lesquels j’ai disposé les masques représentant les tâches. Ensuite, j’ai peint le RLM76 (Gunze H417) en les contournant. Voici ce que ça donne :
Le RLM76 n’est pas bien couvrant par endroits mais cela fait partie des effets que je souhaite obtenir.
Le résultat m’ayant convaincu, j’ai préparé les plans horizontaux au même travail en peignant leur extrados entièrement en RLM75 :
Après de très longues séances de découpe et de mise en place des tâches :
S’en sont suivi plusieurs longues séances d’application du RLM76.
Une vue des travaux pendant leur réalisation :
Pour résumer la méthode, je contourne chaque masque avec le RLM76 puis je les enlève et reprends leur contour à main levée pour obtenir un léger flou à peu près partout, contrairement aux tâches sur les capots-moteurs auxquelles j’ai laissé des contours nets.
Ici, les empennages horizontaux sont finis, reprises des tâches faites, et l’aile droite est en cours.
Quand tout est peint et retouché :
Pour en finir avec les plans horizontaux, j’ai appliqué à leurs intrados un traitement classique d’éclaircissement des panneaux.
Après un passage de RLM76, j’ai éclairci certains panneaux et certaines zones avec une teinte bien claire (Gunze H21) pour contraster puis j’ai repassé un voile de la teinte de base :
Auparavant, j’avais pris la peine de passer un RLM76 plus soutenu (Mr Hobby H417) au niveau de la soute, où j’ai placé un masque de la forme de la gondole d’armement qui avait été bien sûr démontée. Le but est de laisser une trace de ce démontage effectué aux ateliers Junkers de Nordhausen.
Etait donc venu le tour du fuselage. Pour son camouflage, j’ai opté pour un procédé inverse à celui des plans horizontaux, à savoir des tâches Mittelgrau RLM75 sur un fond Lichtblau RLM76, toujours dans l’esprit de marquer les différentes provenances des éléments de la cellule.
Après avoir protégé la voilure et les empennages horizontaux, j’ai donc peint en RLM76 (Gunze H417) tout le fuselage sur lequel j’ai mis en place un pochoir flottant où tous les emplacements des tâches ont été évidés :
L’empennage vertical n’a pas été oublié mais pour lui, c’est simple : entièrement RLM76, dépourvu de toute tâche.
Le résultat après l’application du RLM75 (Gunze H69) :
Malgré mes précautions, il y a eu quelques projections sournoises sur les empennages horizontaux lorsque j’ai passé le RLM76 sur le fuselage. J’ai profité d’avoir du RLM75 dans le godet pour corriger quelques tâches.
Pour représenter les anciens codes effacés à la peinture, j’ai disposé sur les flancs du fuselage des pochoirs en papier extraits de photocopies de la notice du Ju.88 G-6 Hasegawa , agrandie au 1/72°. Ainsi, dans un premier temps, j’ai pu marquer à la peinture leurs emplacements par rapport à celui futur de la croix de fuselage. Les pochoirs enlevés, j’ai fini le travail à main levée :
Le ton clair de ces retouches sur les photos m’a amené à conclure qu’il s’agissait de Hellgrau RLM77. J’ai choisi d’utiliser la référence Gunze H311 qui m’a semblé extrêmement proche.
Une dernière séance de masquage m’attendait pour peindre le carrossage de la charge explosive (surnommée "Elefantenrüssel", ou trompe d’éléphant).
J’ai commencé par le Hellblau RLM65 (Gunze H67) pour la moitié inférieure puis, après un dernier masquage pour obtenir une limite nette, ce fut le tour de la moitié supérieure en Schwartzgrün RLM70 (Gunze H65) :
Le camouflage du Junkers étant pour ainsi dire terminé, il me restait encore quelques travaux de peinture sur les mâts soutenant le Fw.190. Là, j’avais le choix car il y a eu de tout : Schwarzgrau RLM66, Grau RLM02, RLM76 avec ou sans tâches RLM75, etc.
En me référant aux photos, j’ai choisi de tous les peindre en RLM76 mais seuls les principaux en V ont reçu des tâches RLM75 :
La peinture des câbles, durites, et colliers a été réalisée au pinceau.
Après peinture en Rot RLM23 (Gunze H414) des compensateurs des gouvernes du Fw.190, les deux maquettes ont été vernies en brillant (Gunze H30) pour recevoir leurs décorations.
Comme d’habitude, j’ai commencé par les intrados, à savoir :
- Des croix de type B3 (noires avec équerres blanches épaisses) de 12,5mm pour le Fw.190 (de provenance Eduard) :
- Des croix de type B3 également pour le Ju.88 mais de 20mm (origine Owl Decals 72001) :
Pour les extrados du Fw.190, il me fallait des croix de type B6 (équerres blanches fines) de 12,5mm (provenance Eagle Strike 72054) :
Les lignes de pointillés gris clair (RLM77) délimitant les zones de marche viennent de la même planche Eagle Strike. J’ai dû découper et ajuster chaque morceau pour un développé de 66,5mm par aile.
Pour les croix d’extrados (et du fuselage d’ailleurs), j’ai laissé tomber les décals Eduard, fort jolis au demeurant, car il m’a été impossible d’enlever les traces de colle au dos du premier motif que j’ai voulu poser. Ce sont finalement des croix issues de la planche Eagle Strike suscitée.
Pour les extrados du Ju.88, c’était des croix de type B1a (noires avec équerres blanches fines) de 13,5mm que j’ai finalement trouvé… sur la planche du kit AMtech (imprimée par Microscale) :
Pour les lignes de pointillés des zones de marche, j’ai dû tout reconstituer à partir de celles fournies en noir sur la planche Eduard du Fw.190. J’ai atteint un développé total de 103mm par aile.
Les stencils sont un mix Eduard (Fw.190 A-8) / Revell (Ju.88 C-6) / MPM (Fw.190 S-8).
Comme je l’évoquais plus haut, la planche Eagle Strike 72054 m’a fourni pour le fuselage du Fw.190 les croix de type B4 (équerres noires fines) de 11mm :
Les svastikas de type H3 (entièrement noires) viennent de la planche Eduard (6,25mm de côté) et se sont malgré tout bien comportées.
Le petit "1 blanc" sur le gouvernail vient de la planche PrintScale 72-216 dédiée aux Mistel.
Enfin, le Ju.88 a reçu sur les flancs du fuselage des croix de type B3 (noires avec équerres blanches épaisses) de 13,5mm, prélevées sur la planche Owl Decals 72001 tout comme les svastikas de type H3 (8mm de côté) :
Le WkNr 714050 et l’immatriculation (Reparaturwerkstatt) apposée par Junkers viennent aussi de la planche PrintScale consacrée aux Mistel.
C’est la première fois que j’utilisais des décals de ce fabricant et, malgré leur extrême fragilité, j’ai été agréablement surpris par la finesse des motifs et la densité des couleurs (le "1 blanc" a parfaitement couvert le mouchetage du gouvernail du 190).
Jus, vernis, et traînées d’échappement m’ont pris trois après-midis mais c’est fait, et j’ai tout démasqué :
Le Mistel est fini depuis jeudi dernier, juste à temps pour l’expo de Saint-Loubès. Du coup, j’ai oublié de prendre des photos de mes derniers travaux mais ce n’est pas très important car, à part l’assemblage des deux avions qui n’a pas été simple malgré les nombreux ajustements et essais à blanc, tout le reste n’a été que des opérations de finition.
J’ai fait tous les jus avec du Dark Admiral Grey (Humbrol 5). Les deux avions ont été vernis mat (Gunze H20 et Prince August Air 59 plus terne pour les gouvernes du Fw.190 qui étaient entoilées).
Les trainées d’échappement ont été réalisées à l’aérographe (Gunze H77 très dilué, avec quelques gouttes de marron foncé). Le haut de la dérive du Junkers en a reçu aussi, laissées par le Focke-Wulf.
Après démasquage, le Fw.190 a reçu quelques appendices ventraux : marche-pied rétractable, antenne PR 16 (dite "Loop") pour le système de radio-navigation FuG 16ZE (dont le petit carénage en bois verni a été peint en Gunze H47), et petite antenne fouet de l’IFF (FuG 25A).
Allez, place aux photos…
J’ai quand-même un peu galéré pour la pose du câble d’antenne en mode détendu, dont je ne suis pas entièrement satisfait d’ailleurs.
Il me reste encore à fabriquer l’échelle d’accès au cockpit du Focke-Wulf. Je mettrai une ou deux photos quand ce sera fait.
Pour conclure, j’aimerais dédier ce montage à Bernard (blg92) qui nous a quitté récemment, et qui était intervenu sur ce post. Je me souviens qu’il disait s’être empressé de finir les siens avant que je ne termine le mien, ce qu’il a pleinement réussi d’ailleurs.
Ci-dessous les détails techniques de ces verrières publiés par Jerry Crandall dans sa bible sur le D-9 chez Eagle Editions :
Donc, verrière à grande visibilité (mle 8-190.1025) => pas de tendeur.
J’ai profité du fait que mon atelier était un peu débarrassé pour fabriquer cette échelle d’accès assez particulière.
Pour parler chiffres d’abord, je suis parti sur une longueur de 7,5 mètres et une largeur de 50cm avec 25 barreaux.
Pour la forme, je me suis inspiré de cette photo :
Pour la réalisation, du profilé Evergreen rectangulaire (0,5 x 0,75mm) et rond (0,64mm), du fil de cuivre pour les garde-fous et une peinture gris foncé (RLM66) légèrement brossée à sec en gris moyen (Humbrol 64).
Voilà le résultat, en situation :
Expo St Loubes 2022
Expo Bordeaux 2023
Expo Niort 2023
Expo Dax 2024
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