Il y avait longtemps que je n’avais pas fait un Spitfire (oui, ça me manquait). C’est vrai que le dernier remonte à 2011. Et n’ayant pas encore monté un kit AZ Model, j’ai porté mon choix sur leur LF.IX UTI (Réf. AZS7208), une version biplace que les Soviétiques ont obtenu en modifiant quelques dizaines de leurs Spitfire IX.
Les photos sont rares. Celui-ci, un LF.IXe, fut transformé par le 1er Dépôt Aérien de Leningrad, où il a été photographié en 1945.
Le nombre exact de conversions effectuées n’est pas connu mais on sait qu’il y a eu au moins un biplace dans chacun des 36 régiments équipés de Spitfire, utilisé pour la transformation sur la machine des pilotes nouvellement affectés.
Une fois les pièces dégrappées et celles non nécessaires écartées, j’ai procédé à l’épreuve du plan (Fana) et aux premiers essais à blanc.
Première constatation, la voilure est très légèrement sous-dimensionnée mais les contours sont parfaits. La gravure étant fine et correcte, je vais la garder comme ça. Les stabilisateurs horizontaux sont un peu trop longs et de forme erronée aux extrémités mais restent simples à corriger.
Ensuite, le fuselage. Le profil supérieur du nez manque d’arrondi et rend de ce fait le capot devant le pare-brise un peu trop bas. Mais rien de suffisamment méchant pour lancer un travail de correction. Par contre, il lui manque 2mm en longueur. Le problème semble se situer tout au long de la moitié arrière. La silhouette n’étant toutefois pas défigurée, je pense que je vais vivre avec.
Par curiosité, j’ai passé au plan le fuselage monoplace fourni en trop et j’ai constaté qu’il lui manquait moins d’un millimètre. Étrange cette différence pour des pièces venant d’un même fabricant.
La verrière est fournie en une seule pièce, bizarrement moulée moins finement que le reste. Il va falloir fouiller dans la boîte à rabiot.
Pour les assemblages, les essais à blanc m’ont montré que je vais me heurter à quelques difficultés mais rien de rédhibitoire si je sais les anticiper.
Allez, c’est parti.
L’aspect peu engageant de la verrière m’a finalement décidé à tout remplacer et du coup à présenter les deux postes de pilotage ouverts. La boîte à rabiot m’a offert un pare-brise et une verrière en injecté (F.21 Eduard) pour l’avant, une autre verrière en injecté (Mk.IX Italeri je crois) pour l’arrière, et une partie fixe centrale en acétate (Falcon).
Les postes de pilotage proposés par AZ Model sont assez complets. Il ne leur manque que les harnais (pré-peints Eduard) et un appuie-tête circulaire en haut de la cloison arrière. Au final, un portillon d’accès en métal blanc (Dangly Bits) viendra compléter le poste avant, l’arrière en étant dépourvu.
Pour les parois des demi-fuselages, j’ai opté pour du British Interior Green pour le poste avant et de l’Alclad White Aluminium (ALC-106) pour l’arrière :
Bien sûr, l’emplacement du portillon d’accès a été découpé auparavant. Il m’a aussi fallu rattraper au profilé un manque de matière à l’avant droit de la base de la verrière arrière.
Pour que le siège avant soit fixé solidement et à la bonne hauteur, il faut rajouter la plaque qui se trouvait derrière et que AZ a oublié. J’en avais une en trop en photodécoupe (F.21 Eduard) qui s’est parfaitement adaptée.
Les sièges sont peints en marron rouge (Gunze H47) et les dossiers en cuir clair (Humbrol 62) recouvert de Klir. Hormis la cloison arrière peinte en gris-foncé DD-118 (Humbrol 156), tous les autres éléments (planchers, manches à balai, cloisons) sont peints en British Interior Green (Humbrol 78) puis brossés à sec avec la même teinte éclaircie :
Les tableaux de bord, eux, sont peints en gris-noir (Gunze H77) et brossés à sec avec du gris clair (Humbrol 64) puis chaque cadran a reçu une goutte de Klir, et un peu de rouge, de marron et de jaune est venu égayer tout ça.
Un viseur gyroscopique viendra plus tard sur le tableau de bord avant.
On va pouvoir fermer ce fuselage.
La notice n’est pas très claire à propos de la mise en place des éléments du cockpit. Il faut procéder à plusieurs essais à blanc et ajustements pour que tout s’imbrique correctement.
J’en ai déduit que la meilleure méthode était de les installer par en-dessous, une fois le fuselage fermé.
Pour commencer, j’ai installé les sièges avec leur harnais sur les cloisons correspondantes :
L’aménagement du poste arrière à l’époque a certainement amené la modification de la fixation du harnais du poste avant.
Avant de réunir les demi-fuselages, il faut agrandir les ouvertures prévues pour les pipes d’échappement et les occulter par l’intérieur avec des rectangles de carte plastique (15 x 5mm), comme indiqué sur la notice :
Puis on perce les demi-fuselages de part en part au niveau des empennages pour laisser passer un petit longeron, plus solide que le collage sur champs prévu, et on ferme le fuselage :
Et on en profite pour vérifier que les parties vitrées vont bien s’adapter avant de les masquer. A part les bases du pare-brise, ça va.
Ensuite, une fois le joint médian disparu, on glisse par en-dessous les éléments des postes de pilotage :
Parvenir à les faire tous rentrer en place tout en les alignant correctement demande un peu de réflexion et beaucoup de patience. A défaut de documentation sur le sujet, j’ai considéré que les deux bouteilles d’oxygène ont dû être réparties de part et d’autre des parois afin de gagner de l’espace pour le tableau de bord arrière. Sinon, ça ne passe pas. Donc, je les ai décollées, séparées et glissées de chaque côté entre le cadre du poste avant et le tableau de bord arrière.
Une bonne séance de masquage des verrières m’attend désormais.
La réalisation du masquage des parties transparentes d’un Spitfire est loin d’être une des plus aisées, et l’exercice est encore plus long ici car nous avons deux verrières coulissantes au lieu d’une. Enfin, c’est fait :
Il ne leur manque plus qu’un passage de British Grey-Green (Humbrol 78) et elles seront prêtes à être installées sur le fuselage (du moins les parties fixes).
Je me suis ensuite concentré sur les éléments du train d’atterrissage. Les jambes étant du modèle avec compas vers l’avant, le contour des puits est correctement découpé pour leur permettre de se rétracter complètement. Ce n’est hélas pas le cas des trappes fournies qu’il faut remplacer. C’est un F.Mk.XIV Academy qui fut le généreux donateur.
Puits et jambes de train, intérieur des trappes et jambe de la roulette de queue sont peints en Alclad Dark Aluminium (ALC-103) :
Les demi-ailes supérieures sont moulées avec les saumons courts, ce qui n’était pas le cas de notre biplace. On les sépare proprement pour les remplacer par des saumons normaux, fournis par AZ Model :
Ils seront mis en place une fois la voilure assemblée.
Mais avant, il me faut prendre une décision à propos de la présence ou non des bossages des canons. D’origine, il s’agit d’une aile universelle avec un armement de type E (2 x canons de 20mm en externe et 2 x mitrailleuses de 12,7mm en interne). Les canons ont été démontés et leur emplacement obturé par un cabochon, ce qui n’est pas le cas des mitrailleuses dont on peut supposer la présence :
La question est : est-ce que les bossages des canons ont été enlevés ou pas ? L’angle de prise de vue des rares photos interdit toute certitude.
En se mettant à la place des ouvriers du Dépôt de Leningrad, il y a deux possibilités. Ils devaient :
- soit enlever les panneaux avec les bossages et en fabriquer de nouveaux, ce qui prend du temps ;
- soit laisser les bossages et gagner du temps, l’avion n’étant pas destiné à réaliser des performances mais à former des pilotes.
J’aurais tendance à choisir la deuxième possibilité. Des avis à ce sujet ?....
.... Puisque les avis sont unanimes et rejoignent le mien, j’installerai donc les bossages des canons le moment venu.
Avant de me remettre au travail sur les ailes, j’ai préféré mettre en place les éléments vitrés fixes :
Les essais à blanc de la partie centrale (en acétate) m’ont révélé la nécessité d’assurer ses points de collage. J’ai donc ajouté un épaulement en profilé Evergreen de chaque côté, de manière à ce qu’ils dépassent à peine, ceci afin de fixer la partie vitrée en bonne position.
La voilure principale va désormais faire l’objet de toute mon attention.
Allons-y pour les "plumes" ! Et le reste…
Première étape, mise en place de l’empennage horizontal :
Ensuite, j’ai préféré travailler quelques détails sur la voilure principale avant la mise en croix, pour une question de commodité.
A l’intrados, fabrication du feu ventral de couleur ambre :
A l’extrados, mise en place des bossages des canons :
Pour la mise en croix, j’ai choisi l’option de coller d’abord l’intrados :
Classiquement, les joints sous le fuselage ont exigé un peu de travail.
Est venu ensuite le tour des demi-ailes supérieures. Quelques coups de lime au préalable m'ont permis d’ajuster autant que possible les raccords aux emplantures, m'évitant ainsi de fastidieuses séances de ponçage :
Ils demandent néanmoins un petit traitement au Surfacer.
Les orifices des mitrailleuses de 7,7mm sur les bords d’attaque sont occultés (mal placés et de toute façon inutiles ici), et ceux devant recevoir les manchons et les carénages des mitrailleuses de 12,7mm sont repris à la lime ronde :
A l’intrados, après un petit masquage, du Medium Sea Grey (Gunze H308), couleur d’origine de l’avion, est passé sur l’emplacement des radiateurs :
La prise d’air du carburateur est fournie en deux éléments séparés. L’intérieur est peint en Alclad Dark Aluminium (ALC-103) ainsi que celui des carénages des radiateurs :
Tant que j’y étais, je me suis aussi occupé des grilles (noir Gunze H77 + brossage à sec de gris clair Humbrol 64).
Attention aux types de grilles, celles numérotées 7 ne sont pas celles des faces avant des 2 radiateurs comme l’indique la notice mais doivent représenter les faces avant et arrière du radiateur gauche (glycol et entrée d’air du compresseur). Idem pour celles numérotées 12, prévues par AZ pour être les faces arrière mais qui sont en fait les faces avant et arrière du radiateur droit (huile et glycol) :
Les grilles sont mises en place contre l’intrados puis recouvertes de leurs carénages, en s’aidant de morceaux de bande Dymo comme guides :
De la même manière, la prise d’air du carburateur est installée sous le nez. Il faut bien repérer son emplacement pour qu’elle jointe bien contre la cellule :
Son état de surface est finalisé et ses lèvres un peu affinées.
Une fois l’armement, les saumons et le gouvernail en place, la maquette est prête pour les travaux de peinture :
Je m’en suis aperçu à temps, AZ n’a pas représenté les bossages à l’avant des raccords Karman, ni aucune trappe pour la ciné-mitrailleuse.
Pour les bossages, liés en principe aux jambes de train avec compas, quelques formes en plastique récupérées dans la boîte à rabiot puis retaillées ont suffi. Pour la ciné-mitrailleuse (à droite normalement sur cet appareil mais supprimée par les Russes), j’ai représenté les trappes d’accès (celle de gauche était toujours présente) et son occultation avec des rectangles de scotch chromé :
Un dernier petit tour pour vérifier que je n’ai rien oublié, et la peinture peut commencer.
En premier lieu, un coup de British Grey-Green (Humbrol 78) sur tous les montants des parties vitrées, y compris les verrières coulissantes :
Pour la cellule, ce sera un vert A-24m, l’équivalent en peinture à l’huile du vert AMT-4 pour les avions tout-métal.
Selon Tessitori, cette teinte correspondrait à du Humbrol 151 (FS34151) lorsqu’elle était neuve, et avait tendance à s’éclaircir un peu avec le temps, tendant plus vers du Humbrol 80 (FS34187), tout comme l’AMT-4 d’ailleurs.
Personnellement, je trouve que l’échantillon fourni par Tessitori est plus proche du FS34130, ce qui amènerait à utiliser du Humbrol 158 (ou un Gunze H58 mais un peu plus foncé).
Mais comme je dispose du vert AMT-4 chez Akan en acrylique (73001), j’ai bien envie de le tester.
Voici le résultat :
Et avec toutes les petites pièces à ne pas oublier : verrières, trappes de train, porte d’accès, casserole et tube Pitot :
Cette teinte Akan n’est pas très couvrante. Il m’a fallu l’appliquer par d’innombrables voiles afin d’obtenir le ton prévu. J’ai pensé, mais un peu tard, qu’un apprêt dans un ton de vert plus clair aurait été efficace, surtout que les acryliques Akan ont la réputation d’être très fragiles. A voir pour la prochaine fois.
Le jaune-beige MOTiP est tres bon de tout les sences : comme apret acrylique a qui s'attache bien le AKAN et comme couleur ALG-1 de l'epoque
Oui, c'est vrai, tant qu'à faire. A retenir pour un avion de construction russe. Mais dans le cas de ce Spit', je pense que le vert a été appliqué par-dessus les couleurs anglaises d'origine (Dark Green/Ocean Grey/Medium Sea Grey). D'ailleurs, d'autre IX UTI ont gardé ces couleurs.
Pour protéger la teinte Akan, même si il n'y a aucun masquage à venir, j'envisage de le vernir entièrement en brillant avant toute autre opération.
Je n'ai rien trouvé de précis pour la date de la transformation. Je crois savoir que les premiers IX livrés aux Russes l'ont été à partir de 1943. Les légendes des rares photos auxquelles je me suis référé pour celui-ci le situent en 1945, après sa transformation par le 1er Dépôt Aérien de Leningrad et avant sa livraison à un régiment. Le serial n'est pas connu ni d'ailleurs ceux des IX que les Russes ont modifié en biplace (une quarantaine environ).
J'ai parcouru un peu mes photos de IX et j'en ai trouvé quelques-uns dans les débuts de série qui tuent un peu mon hypothèse car ils les possèdent :
- BS430 (codé AE.N) / Premier vol le 31-8-42
- BS394 (codé GW.Y) / Premier vol le 03-10-42
- EN568 (codé AL) / Premier vol le 29-3-43
Mais il y en a aussi qui n'en ont pas :
- BR143 (codé SZ.S) / Premier vol le 11-4-42 en tant que Vc, converti en IX par Rolls-Royce, et livré au 306 Sq. le 13-11-42
- BS180 (codé YO.Y) / Premier vol le 17-7-42
Pour la pose des décals, ce fut vite fait : 6 étoiles en tout et pour tout, en commençant par l’intrados (toujours) :
Celles de l’empennage vertical étant à cheval sur la dérive et le gouvernail, il est préférable de la couper en deux au préalable.
Un jus à base d’enamel (Xtracolor X204 – RLM70) est passé dans les articulations des commandes de vol (ailerons et profondeurs) ainsi qu’autour de certains panneaux d’accès, suivi du passage d’une fine pointe de graphite poncée en biseau dans les autres lignes de structure :
erniers éléments à préparer, les pipes d’échappement, qui ont reçu mon mélange habituel, à savoir Humbrol 33 + 70 + 16 :
Je les ai mises en place dans la foulée pour pouvoir les finaliser par un brossage des extrémités de chaque pipe avec de la poudre de carbone. L’avion étant fraichement repeint, les traces (au pastel) sont légères.
Un passage de vernis mat (Gunze H20) pour tout fixer et on peut tout démasquer :
Quelques retouches en British Grey-Green et en AMT-4 dans la zone du poste avant seront toutefois nécessaires mais rien de catastrophique.
Tout est prêt pour les finitions :
Ce biplace russe est désormais terminé :
En guise de conclusion, je dirais que AZ Model nous propose une représentation plus que correcte du Spitfire IX. Bien évidemment, cela reste du short-run mais de bonne qualité.
Au chapitre des zones perfectibles, je citerais les radiateurs, les échappements, la verrière et le train d’atterrissage.
Les carénages des radiateurs auraient mérité un peu plus de hauteur, surtout à l’arrière. On manque de repères pour les installer, tout comme la prise d’air du carburateur d’ailleurs. La notice ne donne pas les bonnes informations pour la mise en place des grilles, mais c’est très peu visible une fois la maquette terminée.
Un rectangle de plastique plaqué à l’intérieur, comme indiqué sur la notice, ne convient pas pour les pipes d’échappement, qui dépassent trop au final et obligent à réduire leur base jusqu’à la limite de la fracture. Un caisson en carte plastique serait plus approprié.
Les éléments vitrés, dont les montants sont moulés de manière un peu imprécise, gâchent un peu la fête. Cette verrière typique n’existant pas à ma connaissance chez les accessoiristes, il faut soit la remouler pour une configuration fermée, soit la remplacer par d’autres éléments de la boîte à rabiots comme je l’ai fait, pour pouvoir la présenter ouverte.
Il faut aussi penser à creuser plus profondément les orifices à l’intérieur des roues, afin que les axes puissent aller bien au fond. Dommage que les trappes de train fournies ne correspondent pas aux jambes avec compas.
Voilà. Ce n’est pas forcément le plus beau des Spitfire, loin de là, mais je pense qu’il mérite sa place dans la vitrine, à plus forte raison lorsque le biplace irlandais l’y aura rejoint.
Autre solution pour le A-24m (legerement plus fonce dans le meme ton) :
Waroff : "Les roues aurait gagné à "coller" aux jambes du train et celles ci à être un micro poil plus verticales? "
Ce commentaire de waroff a tourné dans ma tête jusqu'à ce que je ressorte ce Spit' de la vitrine pour le corriger.
Je n'ai pas trop insisté sur les jambes de train mais j'ai pu décoller les roues pour les remplacer ainsi que les compas pour les amincir. Je pense que c'est mieux ainsi :
Et je n'y touche plus ! J'ai réussi à décoller une ligne d'échappement et une verrière lors des manipulations.
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