« Le SE.580 est le chaînon manquant entre le Dewoitine 520 et le SNCASE 2410 Grognard ». C’est ainsi que Philippe Martin introduit son article sur cette maquette dans Replic n°215 (juillet 2009). L’avion a été construit d’abord en secret dans les ateliers de la SNCASE en pleine occupation entre 1942 et 1945. Puis l’état français commanda l’achèvement du prototype au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Toutefois le moteur 24 Z (12 moteurs 12 Z monté l’un sur l’autre !) n’a jamais été mis au point. En conséquence le prototype resta inachevé. Cependant le Grognard conçu quelques années plus tard emprunte de nombreux éléments à cet avion.
Revenons à la maquette. Elle aussi a une histoire. Celle de tout un groupe de passionnés d’aviation française qui ont sollicité puis souscrit pour la conception du kit directement auprès d’un fabriquant ukrainien. L’affaire a au bout de quelques mois aboutit à une maquette en résine désormais disponible dans le commerce. La résine d'Unicraft nécessite un travail de préparation : chaque pièce doit être poncée au papier de verre 240 puis 600 (et davantage pourquoi pas ?). Les surfaces du fuselage et des ailes doivent également être bien poncées. Après cette opération l'état de la maquette est très satisfaisant. L'assemblage ne pose pas de problème (il faut toutefois armer chaque contact par du métal ou du bois comme pour n'importe quel kit en résine). L'intérieur du cockpit doit être complété par de nombreux éléments en scratch (ou faire appel à sa boite à rabiot : cet intérieur est presque identique à celui d'un D.520).
Mais voyons tout cela en détails…
Le kit doit d’abord être « dégrappé »…à grand coups de scie et ponceuse.
La taille du kit est immense, si on le compare par exemple à un D.520 (c’est le double).
Le kit est immense mais il est vide. Il faut scratcher l’intérieur. Les éléments internes étaient proches de ceux du D.520, qui nous servirons donc de modèle. L’habitacle est ainsi mesuré, positionné puis construit avec du fil de cuivre et de l’attache métallique. La couleur de l’habitacle est bleu de nuit. Le reste du fuselage est chamois.
La mise en place de l’habitacle nécessite une tranchée dans le fuselage pour bien le fixer. Sous l’habitacle se trouve deux grands réservoirs d’essence que j’ai réalisé en simple trompe l’œil. Le reste des éléments à l’arrière comprend une trousse de secours, des bouteilles et un appareil photo Labrely.
La partie arrière de l’habitacle n’est accessible que par la trappe latérale. Comme elle sera ouverte j’ai tout représenté : le support valise, la valise etc.
Puis la partie difficile commence : il faut construire une goulotte pour faire passer l’air jusqu’au radiateur dorsal. Je vous laisse apprécier la technique. Il y a sans doute d’autres solutions.
Au passage un petit viseur OPL45 est construit en fil de cuivre…
Le reste de l’assemblage du fuselage nécessite pas mal de mastic et surtout des tiges de soutien pour armer l’ensemble. De la trappe on voit bien l’intérieur…tout va bien !
La suite c’est l’assemblage des parties fines : canon de 20 mm dans les ailes (un canon de 30 dans le nez plus 8 mitrailleurs de 12,6 mm dans les ailes, bref un monstre !), et les pipes d’échappement : 24 au total ! réalisée avec un gros fil électrique coudé à la pince.
La mise en croix est un bel exercice de style qui nécessite en plus de tige métallique une bonne dose de mastic sintofer…il faut bien se caler sur le plan qui est fourni par unicraft au 1/72. Le dièdre de cet avion est important. Il doit être respecté.
Le train est constitué de roue de bonne taille mais pas assez large. J’ai donc coupé les roues et rajouté de la carte plastique qui donne en plus un dessin au pneu. On note l’inscription Michelin sur le pneu…c’est beau !
Les tiges de train sont très obliques. En effet l’avion est très grand, donc très haut. Pour éviter la perte de visibilité au décollage le train est donc incliné de manière caractéristique.
Divers détails sont mis en place : la pare brise blindé, les canons et le doublet d’hélices contrarotatives ratier (comme sur le VB.10).
La mise en peinture commence par un apprêt dilué pour boucher un peu les trous et surtout pour voir les gros défauts de surface. Après ponçage, un apprêt alu est passé à l’aérographe. Puis une base de gris est appliquée.
La déco pose un problème : cet avion n’a pas volé (mais a été construit). Son montage ayant commencé avant 44 j’ai imaginé un scénario faux, mais plausible : les troupes alliées venues des alpes récupèrent l’appareil en construction près de Toulouse. L’avion doté d’un moteur participe alors aux combats qui font suite au débarquement. Il porte la robe du corps franc pommiès, à l’instar des D.520 de l’époque. Ce n’est pas très réaliste mais ça donne de la vie à l’avion et ça permet de lui faire une belle déco…
Les bandes de débarquement sont donc appliquées à l’aérographe en commençant par le blanc.
Les derniers éléments sont fixés (porte de la soute à bagages, verrière). C’est fini !
Mais non ce n’est pas fini, si on veut on peut aussi s’amuser à construire la maquette de soufflerie du SE.580. celle-ci fut construite en plusieurs exemplaires dans les années 45,46. Le capot métallique abrite un moteur permettant d’actionner le doublet d’hélices contrarotatives (non représentées ici). Après ce deuxième montage il ne m’en reste plus qu’un : le prototype en cours de construction dans son atelier en 46…on verra plus tard !
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