Maquette72
       

Mirage G8.02

France

Anigrand, 1/72

Montage Claude Sourdet

Source : http://www.checksix-forums.com/showthread.php?t=163299

Après les avions à décollage vertical, Balzac et Mirage IIIV, Dassault s’est intéressé dans les années 60 à la géométrie variable et a réalisé deux prototypes remarquables, le Mirage G monoréacteur puis le Mirage G8 biréacteur.

Ce dernier a été au début des années 70 un candidat sérieux au rééquipement de l’Armée de l’Air, et c’était une bête aux performances remarquables. Il détient toujours le record d’Europe de vitesse avion avec je crois M = 2,36. La géométrie variable lui permettait ce type de performances exceptionnelles tout en conservant un bon comportement aux basses vitesses et à l’atterrissage. La première crise économique du milieu des années 70 a eu malheureusement raison de cet avion, un peu oublié aujourd’hui…

Pas pour tout le monde, car Anigrand, spécialiste des productions « short-run » en résine, vient d’en sortir une maquette au 1/72. Je l’avais « précommandée » et viens de la recevoir. Comme pour les autres productions d’Anigrand, on est dans la catégorie maquette en résine, qui demande plus d’expérience et de travail qu’une maquette injectée Trumpeter ou HobbyBoss… Cependant, la qualité est excellente, et bien meilleure que sur d’autres maquettes Anigrand que j’ai réalisées (Mirage 4000, Lavi) : je n’y trouve aucune erreur et il n’y a même aucune pièce déformée, problème pourtant fréquent sur les maquettes en résine…

Mieux encore, Anigrand fournit des pièces permettant de réaliser, soit le G8-01 biplace, soit le G8-02 monoplace. Ayant été associé brièvement au projet à l’époque, je ne vais pas me priver de réaliser les deux !

Du côté documentation, j’avais gardé un recueil de photos papier de l’époque, j’ai retrouvé, malgré l’ancienneté du programme, pas mal de photos sur Internet, et j’ai profité d’un passage à Paris pour aller photographier sous toutes les coutures l’exemplaire préservé au Musée de l’Air (et, par la même occasion, le Mirage IIIV, qui devrait lui aussi sortir bientôt chez Sharkit !). Le hasard faisant bien les choses, j’ ai trouvé à cette occasion au MAE un n° de la revue Pégase largement consacré à l’avion ! Mais l’ouvrage le plus intéressant pour qui veut faire une maquette du G8 est le premier tome du livre de M. Liebert consacré au… Mirage F1 ! En effet, comme son titre ne l’indique pas, cet ouvrage traite abondamment des projets qui ont été envisagés avant l’adoption du Mirage F1, et il comprend un chapitre de plusieurs dizaines de pages avec des photos superbes du Mirage G8. Que demander de plus ?

Je commence par le « 01 » et l’aménagement du cockpit. Les sièges fournis par Anigrand sont approximatifs, personne n’est parfait ! je les remplace par deux MB Mk 4 de Pavla Models, que j’ai déjà eu l’occasion d’employer et qui sont excellents. Je trouve dans la boite à rabiots des planches de bord + casquettes en résine et quelques décals pour représenter les banquettes.

Les deux verrières sont elles aussi bien meilleures que les verrières soufflées qu’on trouve habituellement dans les maquettes « short-run ». Elles ne sont pas aussi nettes que des verrières injectées, je suppose que c’est un plastique transparent coulé. Je les colle impérativement à l’Araldite, pour éviter le « fogging » engendré par les cyanoacrylates.

Après ponçage des verrières, on peut poursuivre le “gros oeuvre” du montage. Problème général des maquettes en résine, les axes sont très fragiles. J’ai depuis un moment adopté une technique consistant à les percer avec un foret de 0,8 mm… et beaucoup de soin, puis de glisser et coller dedans des tiges de cuivre de 0,8 mm afin de les rendre plus résistants, pour la dérive comme ici pour les empennages et les quilles .

Les voilures peuvent être montées pivotantes, le montage prévu est très costaud, mais rien n’est prévu pour masquer leur logement quand on les « déploie ». Je préfère monter le G8 01 avec la voilure en position déployée, et pour plus de réalisme, je vais aussi sortir les hypersustentateurs !

Les becs et volets n’étant pas fournis séparément, il faut d’abord découper dans les deux demi-voilures pour dégager leur emplacement. Ensuite, je fouille dans la réserve et finis par trouver une vieille boîte de Tomcat déjà en partie cannibalisée, dans laquelle je prélève des becs et des volets qui, une fois retaillés, feront l’affaire. Le Tomcat avait des volets simple fente, le G8 des volets double fente, il reste donc à fabriquer des volets intermédiaires. Le livre sur le Mirage F1 contient à la fin des plans du G8 au 1/72, très pratiques pour ce travail.

Les tiges de cuivre fines sont à nouveau utilisées, cette fois-ci pour figurer les rails de becs et de volets, qui supportent ceux-ci en position sortie. Ces tiges peuvent être facilement formées ou pliées selon les besoins. Les becs et volets ajustés sont finement percés afin de venir se monter sur ces rails. Après quelques ajustement, présentation du tout : ça file !

Il reste à monter les trains d’atterrissage et les trappes de train. Comme d’habitude j’utilise une épingle pour réaliser la perche anémométrique, une telle pièce en résine étant excessivement fragile. Enfin, Anigrand ne fournit pas les antennes ni les pitots, donc après étude des photos et descente dans la boîte à rabiots, je pose une demi-douzaine de pitots, sondes et antennes, essentiellement sur le nez de l’avion.

Enfin, une fois ces travaux terminés, je peux remonter et cette fois coller en place les becs et les volets :

Ca y est, le montage du biplace “01” est terminé :

Pas de problème de lest, la maquette reste centrée avant !

Le croupion est certes massif mais totalement creux, et je me souviens que la partie avant est plus massive et moins ajourée. Peut être qu'Anigrand en a tenu compte dans sa conception. Ca parait élémentaire mais je suis tombé sur beaucoup de maquettes, et pas seulement des short-runs, qui une fois montées restaient obstinément sur le Q !
Le bon centrage n'est sans doute pas toujours facile à obtenir par moulage, mais sinon le mouleur pourrait prévenir les clients qu'il faut ajouter une masse dans le nez. C'est facile à faire si on s'y prend à temps, impossible quand on a fini la maquette...

En tout cas, c'est une bonne remarque : je viens de commencer le -02 que je vais monter avec les ailes repliées, donc centré plus arrière, alors je vais caser et coller quelques clous à l'intérieur du nez par précaution!

 

Le montage du 01 maintenant terminé, je passe à celui du 02, qui diffère du 01 par un nez plus allongé (avec une pointe type Mirage F1) et une dérive modifiée, éléments fournis dans la boîte Anigrand. Pour tenir compagnie au 01 « tout sorti », je vais représenter le 02 « ailes repliées ».

Surprise, après la première boîte qui était sans défaut, dans celle-ci il y a un demi-fuselage un peu déformé, un début de vrillage des ailes, et plus de bavures en général que sur le premier : usure rapide des moules du « short-run » ?

Comme le 02 est monoplace, je n’aménage pas le poste arrière, dont la verrière sera peinte plus tard en aluminium. Le poste avant, lui, sera visible, alors je l’aménage, avec une planche de bord- casquette en résine de Mirage III et un siège MB Mk 4 toujours de Pavla Models.

En montant les ailes repliées, tout rentré, ça va évidemment plus vite que la première fois…

Le vrillage dissymétrique des ailes est devenu trop évident, alors je perds pas mal de temps à essayer de les redresser sans les casser, la résine s’y prête beaucoup moins bien que le polystyrène… Je finis par faire des entailles à la scie à l’intrados, plier un peu les panneaux, combler les cicatrices à la colle cyanoacrylate, poncer et reponcer pour faire filer… Bref une situation presque normale pour du « short-run » en résine ! La maquette du 01 commencée en premier et qui était si parfaite devait être du tout début de la série…

Il reste à mettre en place les trains et les trappes, quelques petits pitots, et le montage général du « 02 » est terminé.

Le 01 le 02 en sont maintenant au même stade : vous commencez à voir ou je veux en venir…

Pendant les travaux, les G8 continuent… On passe maintenant à la peinture et à la décoration : je vais mener les deux maquettes de front afin quelles soient le plus semblables possible… mais du coup ça va prendre plus de temps !

Pour la peinture extérieure, les deux G8 étaient laissés « non peints », aluminium naturel. Enfin pas tout à fait, car à cette époque avait été introduite la finition et la protection anticorrosion par anodisation, qui donne aux surfaces un gris mat avec un grain vaguement métallique, et non plus un aluminium brillant comme dans le cas des Mirages précédents ou souvent les revêtements étaient « plaqués » en aluminium pur. On retrouve aussi cette finition sur les protos contemporains comme ceux du Mirage F1. Je vais essayer de reconstituer cet aspect en utilisant plusieurs tons de gis avec une touche discrète d’argent ou d’alu, donc peinture au pinceau et non plus à la bombe.

On commence donc par un gros travail de masquage avant même le premier coup de pinceau, avant la peinture des trains et cases de train : dans la réalité, c’est une peinture assez épaisse, presque un enduit, chargée aluminium. Pour la maquette, j’utilise un blanc brillant chargé argent ou aluminium…

Ensuite, peinture en gris légèrement métallisé de la majorité des surfaces :

Puis, peinture des zones plus foncées, en plusieurs tons de gris de plus en plus chargés, puis des entrées d’air avec leurs parements rouges :

A ce stade, bombage en vernis brillant avant pose des décalques. Les décalques fournis avec la maquette sont corrects, j’ai juste changé les cocardes de fuselage qui sont un peu plus grandes, et ajouté tout un réseau de lignes rouges sur l’aile, autour des aérofreins et autour des trappettes, plus les inscriptions « ne pas marcher » sur les volets et aérofreins. Tous les décalques sont pour le « 01 », il faut donc transformer le « 01» en « 02 » sur certains décalques posés sur le « 02 ». Rien de bien méchant :

Après, bombage en vernis mat et voilà, on est pas loin du but maintenant :

Il reste à revernir les cockpits, creuser et vernir les phares, peindre et poser les roues et les tuyères, ajouter quelques pointes de peinture argent pour les pitots, rouge et vert brillants pour les feux, et les deux G8 sont finis.

A ma connaissance, on n’a pas vu ces deux prototypes avec des armements, donc je laisse les deux maquettes en « lisse ».

Des deux, c’est le 01, dans sa configuration début des essais, que je préfère :

Le 02, tout replié, dans son dernier état, record d’Europe à M = 2,36… J-M Saget raconte qu’arrivé là, il fallait passer en PC réduite, sinon l’avion aurait continué à accélérer jusqu’à autodétruire ses moteurs en dépassant les limites thermiques !

Comparaison avec un G8 réalisé en scratch intégral, il y a … très longtemps !

Bel effort pour l’époque, mais le train d’atterrissage était bien trop léger… je crois que j’avais utilisé celui d’une maquette de Mirage F1.

La géométrie variable a été très à la mode à un moment, elle a connu plusieurs applications en série, elle est encore présente sur des avions en service, mais à ma connaissance plus aucun n’est encore en production. L’âge d’or de la géométrie variable semble avoir été la période des années 70 et 80.

Petit panorama d’époque, avec le F-111 de l’USAF, le F 14 de la NAVY, les MiG 23 et Su 22 Russes, et donc le G8 Français :

Dans la famille géométrie variable, il me reste à faire le Su 24 et le Tornado, et en géométrie variable il y a eu aussi le B-1 et les Tupolev 22 et 160, mais ces derniers seraient un peu grands pour ma vitrine !

Les CDVE auraient pu, comme pour le décollage vertical, rendre la formule plus pratique et plus efficace...(genre 1 canal de CDVE pour appliquer à tout moment la flèche optimale,...)

Mais surtout, les avions les plus récents ne cherchent plus à aller aussi vite ( Rafale et Hornet : M=1,8 ), donc l'écart de vitesse que permettait la GV perd de son intérêt. La relative baisse de performance de ces avions est plus que compensée par les missiles les plus récents.

De plus, des contraintes nouvelles comme la furtivité pèsent maintenant sur les formes des avions... par exemple, la GV nuirait à l'alignement des bords d'attaque que l'on observe sur les derniers avions.

Et voila : Les 3 gros bimoteurs des années 60-70, le Mirage IV, le G8 et le 4000.

Motorisations quasi identiques: 2 ATAR pour les premiers, 2 M53 (pas beaucoup mieux au début...) pour le 4000.

Le Mirage IV est quand même un peu plus grand, c'est normal, c'est quand même un bombardier. Mais on voit bien que les surfaces de voilure du Mirage IV et du 4000 sont sensiblement les mêmes.

 

Montage Claude Sourdet "IronClaude"

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