Source : http://www.checksix-forums.com/showthread.php?t=160322
Bon, alors la prochaine maquette que je vais avoir le plaisir de vous montrer est:
un avion à réaction
Français
multimoteur
qui volait à Mach 2 +
avec une aile delta
mais pas fabriqué par Dassault
avec des "moustaches" ou petits canards
qui présentait une innovation remarquable
qui a détenu un record du monde de vitesse
qui a été piloté en particulier par André Turcat
qui ne vole plus
mais dont un exemplaire est préservé et exposé au Musée de l'Air...
Comme on dit dans ces cas là: Qui suis-je ?
En effet, je suis… je suis… Le « Griffon 2 » de Nord-Aviation !
Un peu oublié aujourd’hui, le Griffon était un avion développé à la fin des années 50 par Nord Aviation, à l’allure futuriste pour l’époque.
Il y a eu deux protos du Griffon : le premier, avec un seul réacteur classique, était déjà supersonique, mais c’est surtout le second, le Griffon 2, propulsé par un Atar placé au milieu d’un statoréacteur (formule dite « combiné turbo-stato »), qui a montré des performances exceptionnelles pour l’époque.
Les réacteurs des années 50 étant encore un peu poussifs, cette décennie vit l’étude de plusieurs formules de propulsion combinées, pour augmenter la vitesse des chasseurs. Ainsi les premiers Mirage III avaient, en plus de l’Atar, un petit moteur-fusée pour les booster brièvement lors d’une interception à haute altitude.
Le statoréacteur, lui, ne pouvait entrer en fonctionnement qu’une fois l’avion décollé et une certaine vitesse et une certaine altitude atteinte, mais une fois parti il poussait comme une bête, et d’autant plus que l’avion allait plus vite. Il n’y avait pas de limite « aérothermodynamique » à la vitesse à laquelle il pouvait propulser un avion… enfin plus précisément si, d’une part l’échauffement de la cellule au-delà de Mach 2 (surtout avec les matériaux de l’époque), et d’autre part la capacité en carburant, puisque le statoréacteur en fonctionnement dévorait à la vitesse V les maigres réserves de pétrole. Les vols du Griffon duraient 30’ à 45’maximum…
A bord du Griffon, André Turcat put ainsi battre le record mondial de vitesse… sur 100 km, distance parcourue en seulement 3 minutes… à fond les manettes, il n’y avait pas assez de carburant à bord pour faire plus long ! Et une autre fois, il monta à Mach 2,2…
Le programme fut arrêté car, comme on le sait, le Mirage III fut préféré pour équiper l’Armée de l’Air. Au début des années 60, les turboréacteurs avaient suffisamment progressé pour suffire à propulser des avions à Mach 2, sans propulseurs additionnels. Comme le Trident avant lui, le Griffon fut donc abandonné. Au vu de la carrière ultérieure du Mirage III, on ne peut pas dire que ce fut injustifié : la formule du Griffon, bien que très performante, n’aurait sans doute pas été aussi polyvalente ni adaptable…
Aujourd’hui, on peut admirer le « Griffon 2 » survivant au Musée de l’Air. André Turcat, de son côté, poursuivit la carrière que l’on sait et mena le Concorde à Mach 2… 10 ans après le Griffon.
En plus d’un recueil de photos glanées sur Internet, comme pour chaque maquette maintenant, je me suis appuyé sur l’excellent livre « Gerfaut et Griffon » sorti il y a quelques années, qui raconte l’histoire de ces avions en détail, et qui est plein d’anecdotes croustillantes et de photos utiles.
Fonderie Miniature nous propose une maquette au 1/72 « multimédia » du Griffon, avec les principales pièces injectées, d’autres pièces en résine, les plus petites en photodécoupe, et une verrière thermoformée. C’est évidemment moins facile à monter que du Trumpeter… mais tout y est, et d’après la doc, tout est exact !
Le poste pilote, en particulier, est complet et très détaillé, malheureusement les « carreaux » sont si petits qu’une fois la maquette finie on ne voit presque plus rien ! Attention, la verrière thermoformée, déjà difficile à ajuster, est très fine et très fragile par endroits. Fonderie Miniature, en bons connaisseurs, fournissent deux verrières soufflées, afin de laisser au maquettiste malchanceux une deuxième chance ! La maquette se monte assez rapidement, mais avec quand même quelques ajustements à faire à la jonction voilure-fuselage, et un ponçage général pour enlever les petites irrégularités. Le réacteur Atar intérieur est fourni, mais une fois l’avion fini on ne le verra pas beaucoup. Les roues en résine sont comme souvent un peu « patatoides », je les remplace par des roues injectées de même calibre puisées dans l’indispensable « boite à rabiot ». Petite surprise à la fin, avec ce gros fuselage, l’avion se retrouve irrémédiablement « sur le Q » ! Trop tard pour placer du lest dans le nez, il aurait fallu nous prévenir dans la notice… je m’en sors en mettant une béquille aussi discrète que possible en plastique transparent étiré.
Pour la décoration, pas de problème, l’avion était tout aluminium brillant ( attention , pas « argent » quand même ! ). La feuille de décalques est excellente, mais il faut disposer d’une « boite à rabiot décalques » car les cocardes ne sont pas fournies. Il faut aussi peindre le gouvernail en bleu-blanc-rouge, pour les mêmes raisons.
Donc ce n’est pas une maquette pour débutant, elle se monte sans réelle difficulté, mais il faut sans cesse s’appuyer sur une bonne doc. C’est un avion attachant et original qui ne déparera pas la vitrine des avions « Mach 2 » !
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